La femme et la coquille

"Spirale" et "grande Spirale" © Xavier-Vrinat« Spirale » et « Grande Spirale » – Germaine Richier (1957) © Xavier Vrinat

 

Le Centre Pompidou présente jusqu’au 12 juin 2023 une rétrospective de l’ensemble de l’œuvre de Germaine Richier (1902/1959), sculptrice puissante, élève d’Antoine Bourdelle. Parmi l’ensemble des sculptures, gravures et dessins proposées dans l’exposition, une sculpture attire particulièrement notre attention : la « Grande Spirale » (1957), commande de l’Etat pour l’Ecole Nationale Supérieure d’Enseignement Technique de Cachan – Localisation sur le campus de l’ ENS Paris-Saclay.

Germaine Richier ramasse un reste de coquille brisée, en l’occurrence un fragment de columelle qui est la colonne interne d’un mollusque gastéropode, l’axe autour duquel s’articule la structure hélico-spirale (spirale hélicoïdale) de l’ensemble de sa coquille.
Ci-dessous à gauche, coupe montrant, à l’intérieur d’un mollusque gastéropode, son axe central : la columelle. Au centre, fragments de columelles présumées de Cerithium giganteum (Lutétien de Grignon). A droite Cerithium giganteum.

 

Sur ce morceau de coquille calcaire de 20 cm de long (photo ci-contre), Germaine Richier construit un réseau de triangles reliés entre eux (technique de triangulation) qui va lui permettre de modifier les dimensions de l’objet tout en respectant scrupuleusement ses proportions initiales.
A noter que la tête de la columelle ressemble à une mèche sphérique en forme de fraise utilisée en sculpture pour chanfreiner ou pour percer des matériaux durs.

Cette spirale de calcaire, plutôt insignifiante, qu’elle appelle « Vrille », en démultipliant ses dimensions, Germaine Richier la métamorphose et la magnifie tout d’abord en une pièce de bronze doré de 1 m de haut « La Spirale » et une autre en bronze patiné noir mat de 3 m de haut « La grande Spirale » (1957).
Sublimé par l’agrandissement, ce modeste débris atteint ainsi au statut de monument majestueux. « Le débris promu œuvre d’art » pour paraphraser un titre de Roger Caillois – in Arts, Paris, 1962.

                                                                                                                                                                                                                      Retour haut de page