Paléontologie

Introduction

 

Architectonica (Nipteraxis) ammonites (Lmk, 1804) – Grignon – photo Claude HY

"Le hasard m’ayant prescrit d’écrire sur le thème des Coquilles, à peu près comme, au bord de l’eau, il m’eût offert à remarquer un de ces objets charmants, j’ai pris ce motif de merveille : j’ai fait ce que fait un passant qui vient de ramasser à même le sable telle petite coque calcaire, curieusement formée ; qui la regarde et la manie, en admire le tourbillon minéral, et l’ordre des taches, des stries, des épines, qu’il porte ou engendre, dans le mouvement disparu qu’il suggère. J’ai médité mon thème inattendu, je l’ai rapproché des yeux de mon esprit ; je l’ai tourné et retourné dans ma pensée… Je ne savais à peu près rien des mollusques, et j’ai joui de m’illuminer successivement tous les points de mon ignorance." Paul Valéry – L’homme et la coquille - 1937

En peu de mot l’écrivain, comme un enfant, découvre ce qui nous attire, nous retient, nous passionne, que ce soit le coquillage actuel mais aussi la trace qu’il a patiemment laissée dans le sol. En effet, dans chaque fossile, on peut trouver de multiples sujets de découverte et d’émerveillement. Comment sont-ils arrivés jusqu’à nous, quelle a été leur vie, si courte soit elle. Comment sont-ils apparus, bien avant l’homme ? Qu’ont-ils vu, comment sont-ils disparus ? Les différents éléments de chaque coquille permettent de les identifier mais leurs formes sont surprenantes, singulières. Leurs spires se déroulent et s’ornent régulièrement de stries, de côtes, de varices, de costules. Leurs formes intriguent. Et que dire des couleurs qui les ornent encore parfois. Regardez une poignée de sédiments à la binoculaire, promenez-vous au hasard parmi tant de beautés diverses, admirez le poli délicat des tubercules, l’éclat nacré de certaines coquilles, la variété incroyable des espèces qui ont vécu ensemble à cet endroit. Rêvez !

C’est pourquoi je vous invite à découvrir la paléontologie, à approfondir vos connaissances, à vous passionner pour elle, et, si vous le voulez, à nous rejoindre pour partager cette passion entre amis.

Claude Hy, Président du club (2005-2016) et responsable de l’activité paléontologique (1990-2018)

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La Paléontologie

La première occurrence du mot ‘Palaeontologie’ apparait sous la plume de Henri-Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850) dans le ‘Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle’ – janvier 1822 :

 

"Palaeontologie. La grande prépondérance que l'étude de la Géologie continue d'avoir parmi les sciences naturelles, et celle qu'une sorte d'école en Géologie accorde, l'emploi des corps organisés fossiles pour la distinction des formations de sédiment, ont déterminé un assez grand nombre de travaux dans cette branche d'histoire naturelle." Blainville 'Journal de physique, de chimie et d'histoire naturelle' - janvier 1822

La première définition de ce néologisme forgé par de Blainville en 1822, placé en tête d’une liste de publications sur des découvertes de fossiles, est assez obscure. Il faut attendre la parution en 1825 du ‘Manuel de malacologie et de Conchyliologie‘ pour que de Blainville en donne une définition plus précise : 

"Palaeontologie : il me semble utile de créer un mot composé pour désigner la science qui s'occupe de l'étude des corps fossiles." Blainville 'Manuel de malacologie et de Conchyliologie' p225 - 1825

Le terme ‘Palaeontologie’ – aujourd’hui ‘Paléontologie’ – et son concept défini par de Blainville vont progressivement s’imposer à tous les scientifiques jusqu’à nos jours. 

Etymologie grecque de ‘Paléontologie’ : de paléo-, de palaios, « ancien » ; onto- de ontos, « vie, être » ; -logie, de logos, « étude, science »   

L’Oryctologie

Ce que Blainville définit par le terme ‘Palaeontologie’ était inclus jusqu’au début du XIXème siècle dans ‘l’Oryctologie’. Cf l’article correspondant dans l’Encyclopédie de Diderot :

 

L'ORYCTOLOGIE, s. f. (Hist. nat.)1​ l’oryctologie ou l’orictographie, est cette partie de l’histoire naturelle qui traite & décrit les fossiles ; car les fossiles s’appellent en grec orycta... L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1751 – rédacteur Jaucourt 
Ce volume qui est la suite de la Conchyliologie, traite de tous les fossiles en général, sous le nom d'Oryctologie. L’Histoire Naturelle éclaircie dans une de ses parties principales, l’oryctologie, qui traite des terres, des pierres, des métaux, des minéraux et autres fossiles, Dezallier d'Argenville - 1755
L'Oryctologie : Science qui traite de tous les minéraux et de tous les fossiles en général. Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux arts - 1818

Les fossiles

Jusqu’au début du XIXème siècle, le terme fossile désigne tout les éléments qui sont extraits du sol en référence à son étymologie latine fossilis « tiré de la terre ».

La première occurrence du mot fossiles apparait sous la plume de Pline l’Ancien:

Depuis, comme l'industrie est ingénieuse et avisée, on ne se contenta pas de mêler du nitre au sable, et on imagina d'y incorporer la pierre aimant, dans la pensée qu'elle attire à elle le verre fondu comme le fer. De là même façon on se mit à introduire, dans la fonte, divers cailloux luisants, puis des coquillages et des sables fossiles. Pline l'Ancien 'Histoire naturelle' - L36-66

Ce terme est repris par Agricola dans son livre De Natura fossilium (1546) où il propose une classification des corps « fossiles » – tirés du sol – fondée sur leurs propriétés physiques apparentes. Sur ce sujet lire l’analyse de Jean Gaudant et Geneviève Bouillet dans le cadre des travaux du Comité Français d’Histoire de la Géologie présentée lors de la séance du 9 mars 2005. idem par Conrad Gesner (1516-1565) à travers son ouvrage « De rerum fossilium, lapidum et gemmarum maximè, figuris et similitudinibus liber »  (A propos des objets fossiles, les pierres, les gemmes leurs formes et apparences) – 1565

Une définition en est encore donnée dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1751:

FOSSILE, sub. m. (Hist. nat. Minéralogie.) On appelle fossiles en général toutes les substances qui se tirent du sein de la terre. Souvent on se sert indistinctement du nom de fossiles & de celui de minéraux, pour désigner les mêmes substances. C’est ainsi que l’usage veut que l’on dise le règne minéral, & non pas le règne fossile. Cette dernière façon de parler serait pourtant plus exacte, attendu que la signification du mot fossile est plus étendue, & comprend des substances dont les minéraux ne font qu’une classe.
On distingue deux espèces de fossiles, 1°. ceux qui ont été formés dans la terre, & qui lui sont propres ; on les appelle fossiles natifs. Tels sont les terres, les pierres, les pierres précieuses, les cristaux, les métaux, &c. 2°. ceux qui ne sont point propres à la terre, que l’on appelle fossiles étrangers à la terre. Ce sont des corps appartenant, soit au règne (animal) [minéral, sic], soit au règne végétal : tels que les coquilles, les ossements de poissons & de quadrupèdes, les bois, les plantes, &c. que l’on trouve ensevelis dans les entrailles de la terre où ils ont été portés accidentellement… L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, 1751.

C’est Lamarck en 1801 qui circonscrit le terme fossile aux êtres vivants : 

Je donne le nom de fossile aux dépouilles des corps vivans altérés par leur long séjour dans la terre ou sous les eaux, mais dont la forme et l’organisme sont encore reconnoissables. Sous ce point de vue, les os des animaux à vertèbres et les dépouilles des mollusques testacés, de quelques crustacés, de beaucoup de radiaires échinodermes, des polypes coralligènes et des parties ligneuses des végétaux, seront appelés fossiles, lorsqu'après avoir été long-temps enfouis dans la terre ou ensevelis dans les eaux ils auront éprouvé une altération qui, en dénaturant leur substance, n'aura pas néanmoins détruit leur forme, leur figure, ni les traits particuliers de leur organisation. D'après cela lorsqu'une coquille, par les suites d'un long séjour dans la terre, aura
subi des altérations qui auront en partie dénaturé sa substance, sans détruire sa forme, cette coquille alors sera véritablement fossile. JB Lamarck "Système des animaux sans vertèbres" p 403 - 1801  

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