Nous sommes accueillis par M. Sébastien Pécourt, responsable carrière sur le site de Lanvrian, à qui nous savons gré d’avoir accepté de nous consacrer 3 heures de son temps pour nous présenter les aspects géologiques de la carrière de kaolins, les méthodes d’extraction et le processus de transformation du minerai en kaolinite.
La sté Imerys exploitant de la carrière de Kaolins à Lanvrian est un groupe industriel français présent dans le monde entier et leader mondial de spécialités minérales pour l’industrie: kaolins pour papier et fibre de verre, mica, talc, silice fondue, ardoises naturelles….
Le site de Lanvrian fait partie, au sein du groupe, de la branche CRAF ( Céramique, Réfractaire, Abrasif et Fonderie). 86 personnes sont employés sur le site et la production est de 90000 T de Kaolin, 13000 T de Mica, 100000 T de sable et 5000 T de quartz.
Les perspectives d’exploitation rentable du site sont de l’ordre de 10 ans.
Le kaolin résulte de la transformation du feldspath, issu lui même de la décomposition du quartz dans des conditions de basse température associées aux hautes pressions lors de la subduction océanique qui a entraîné la construction de la chaîne hercynienne. La circulation de fluides dans les zones de fracture accélère la formation du kaolin qui est un silicate d’alumine.
Les sites majeurs avec présence de kaolins sont situés en Europe de l’Est, Espagne, Chine, USA et Brésil. Les gisements primaires désignent les sites où le kaolin est resté en place sur les lieux de l’altération; les gisements sont dits secondaires lorsque les dépôts ont été transportés et enrichis hors de la zone d’altération.
Le site de Lanvrian est un site primaire avec un rendement de 20/25%, alors que les sites secondaires du Brésil présentent un rendement de 80%!En Ukraine le rendement de 50% est atteint dans des sites primaires! La concurrence est donc féroce et Lanvrian mise sur la qualité et l’homogénéïte du produit final: en effet les caractéristiques du kaolin, qui est un argile, (faible dureté – 2 selon l’échelle de Mohs; un haut degré de blancheur; un contenu élevé en alumine (Al2O3) qui en fait un excellent réfractaire; une granularité très fine et une bonne opacité due à la forme lamellaire des cristaux de kaolinite). entre dans la composition (charge et couchage) des papiers haut de gamme, des céramiques, peintures, plastiques, fibre de verres…
Dans la carrière de Lanvrian la présence du minerai de kaolin, qui n’est pas homogène, est mise en évidence par des sondages géophysiques et des carottages. Une veine rose de leucogranite (Kaolin + quartz + mica) s’étend globalement sur 3 km. L’extraction se fait classiquement dans une carrière à ciel ouvert avec des pelles mécaniques, le transport par tombereaux jusqu’à l’usine de traitement: lavage, délayage retrait de l’eau, tamisage entre fin et grossier sur grilles pour enlever les gros blocs puis de nouveau ajout d’eau, lavage (idem machine à laver le linge) pour récupérer les produits en suspension: les grains de 4 à 5 mm sont éliminés; de 1 à 4 mm les grains sont traités comme sables; les grains <1 mm font l’objet d’une nouvelle séparation par cyclonage (la turbulence lié à l’effet Wortex fait monter les grains les plus légers):
entre 100 microns et 1 mm: grains de micas
entre 20 microns et 100 microns: déchets utilisés pour remise en état du site. Il est possible que, dans l’avenir, ces déchets soient valorisés
< 20 microns: produit final kaolinite qui sera séché ( soit à 30% d’humidité pour la confection des fibres de verre, caoutchouc; soit à 12% d’humidité pour le papier ) puis conditionné sous différentes formes pour la livraison.
La durée de vie du site est évaluée 7 ans pour la production du kaolin. L’évolution ultérieure du site pourrait être la production de micas; la transformation des produits actuellement jetés pourraient durer 15 ans; les sables pourraient également être valorisés à usage des entreprises de Travaux Publics.
Un grand merci à notre guide, Sébastien Pécourt, qui nous a fait découvrir, avec passion, le patrimoine industriel majeur de la région.
Un merci également à Hélène, qui grâce à sa prise de note pendant la visite, a considérablement réduit le labeur du rédacteur de ce compte rendu.
