Taxonomie et nomenclature

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La taxonomie classe les Animaux et les Plantes en différentes catégories. Elle range tous les êtres vivants suivant les caractères qu’ils ont en commun, des plus généraux (règne) aux plus particuliers (espèce). Tout être vivant connu et étudié sera ainsi nommé, décrit, enregistré et accessible aux chercheurs de toutes origines.

D’autre part, la nomenclature est un système qui consiste à désigner les êtres vivants ou fossiles par un nom latin ou latinisé formé de deux mots, désignant respectivement le genre et l’espèce. Ces normes internationales bien précises sont instituées afin que la compréhension d’un écrit soit facilitée pour tous, quelle que soit l’origine géographique.

Le but de cet article est de tenter d’expliquer quelques règles permettant de mieux comprendre tout cela, sachant que c’est loin d’être simple !

De plus, chaque espèce est nommée, soit, mais il est important de connaître le pourquoi des terminaisons  des taxons que ce soit pour le genre ou pour l’espèce.

TAXONOMIE

Quand on lit le nom d’un fossile on découvre le nom du genre et parfois du sous-genre, ce dernier entre parenthèses, celui de l’espèce et parfois celui de la sous espèce, sans parenthèses,  plus le nom de l’auteur qui l’a créé et, après une virgule, la date de sa création. Exemple :  Paziella (Flexopteron) foliacea fraterculus (Deshayes, 1865)  = 169-16

Règles générales :

  • genre et espèce seuls en italique et concernant l’auteur on doit le mettre entre parenthèses quand le nom de genre a changé.
  • Les noms de famille, sous famille etc… ne sont jamais en italique : ex Muricidae ou Muricinae.
  • Genre avec majuscule au début, espèce et sous espèce en minuscule, même s’il s’agit d’une personne.
  • Exemples : Coptochetus scalaroides hemigymnus (Cossmann, 1890) ; à l’origine SiphonaliaCoptochetus gougeroti Le Renard, 1994 dédié au Dr Gougerot. Pas de changement de genre.
  • Pour les  genres féminins (Strepsidura) le nom de l’espèce devra s’accorder (S. turgida 190 – 1) pour les masculins idem (Sycostoma bulbus)

  Note : ne pas se fier à la terminaison du genre : exemples : Athleta masculin

Terminaisons du nom d’espèce :

  • « ensis » pour une localité (grignonensis)
  • « i » dédiée à un homme (gougeroti), « ae » dédiée à  une femme (loustauae  pour Mme Loustau), « orum » dédiée à plusieurs personnes (frères Morellet = morelletorum)
  • Dans le cas d’une espèce dont la personne à qui on dédie le fossile à un nom se terminant par un « i » il faut doubler la voyelle finale ex : bellardii pour l’italien Bellardi.
  • Jadis certains auteurs ajoutaient un « i » à tout le monde ex : on trouve des lamarckii !

Divers :

  • Le nom donné par un auteur ne doit pas être changé même si c’est incorrect mais il peut y avoir des exceptions, dans ce cas on fait une émendation qui doit être justifiée et soumise au CINZ.
  • Si un nom de genre ou d’espèce a déjà été attribué à un autre animal (les plantes sont à part), il doit être changé = loi de l’antériorité.
  • Une seule lettre de différence dans un nom cela fait 2 genres distincts ex : Siphopsis et Syphopsis.
  • Le « ç » n’existe pas ni le « ¨ » ex : Bezanconia  (dédié à M. Bezançon) et non « çonia ».

De plus en plus d’auteurs donnent des noms de personne car les adjectifs sont souvent la cause d’homonymie.

Si un auteur nomme une espèce en l’attribuant à un genre, par ex Fusus, et que par la suite un autre auteur constatant que Fusinus est plus correct, c’est ce dernier qu’il faut garder, sauf si un autre auteur peut démontrer que le premier était correct et revient à Fusus.

Note : on trouve de nombreux problèmes tout au long de la taxonomie linnéenne qu’il  serait très long d’énumérer.

Il existe donc un organisme le CINZ = Code international de nomenclature zoologique, qui enregistre les nouvelles espèces et règle les litiges éventuels, non sans difficultés !

NOMENCLATURE

Quelques définitions écourtées car c’est complexe.

  • Holotype: spécimen unique désigné ou indiqué comme espèce type d’un groupe parmi d’autres que possédait l’auteur ou suite à un prêt. L’holotype devrait être déposé dans une institution (musée, institut) mais ce n’est qu’une recommandation pour le moment.
  • Avant 1900 certains auteurs ne désignaient pas systématiquement d’holotype. Un syntype est dans ce cas désigné par l’auteur qui reprend par la suite l’étude de ce fossile. Ne pas confondre avec  l’espèce type qui est celle désignée par un auteur pour servir de référence à un nouveau genre qu’il  vient de créer.
  • Paratype(s) : spécimen(s) autre(s) que l’holotype dans la série originale.
  • Viennent s’ajouter les lectotypes, paralectotypes etc…dont celui qui ne veut pas publier n’a pas besoin de se charger la tête. 
  • Localité type : lieu où l’holotype a été trouvé.
  • Remarque : si vous écrivez les noms de genre en français la majuscule est inutile : ex : cyprées, cônes…
  • Avec l’avancement de la science, de très nombreux genres ont changé et aussi de nombreuses espèces en cas d’homonymie. Parfois les deux; ex : 191 – 4 : Lamarckofusus subcarinatus (Lamarck, 1803) pour le Melongena muricoides de Deshayes.
  • Du temps de Lamarck on parlait aussi bien de Cerithium pour des coquilles éloignées des vrais Cerithium comme Campanile ou Potamides, Cerithiopsis etc...

Il était urgent de créer de nouveaux genres ce qui a par contre entraîné des abus où l’on voit par exemple, parfois, une seule espèce par genre. C’est le cas des cyprées où le lecteur y perd son latin !

CONCLUSION

Malgré toutes les recommandations aux auteurs, il n’est pas rare de rencontrer des anomalies qui posent des problèmes au CINZ mais cela permet à cet organisme d’ajouter des suppléments à leurs articles.

Exemple récent : un auteur a fait figurer une espèce qui n’est pas l’espèce décrite à l’origine par l’inventeur de l’espèce en question.

Plus ancien : description  d’une espèce sans figure et bien plus tard le même auteur figure autre chose (cas de V.muricinus et P. musicalis).

Difficile tout cela mais tout à fait passionnant.

Bon courage !

Daniel LEDON le 14 mars 2018

>> Vous trouverez aussi d’autres informations sur l’article paru dans le n° 260 de SAGA information d’Octobre 2006 sous la plume de Alain Kientz.