Randonnées dans l’Eifel (RFA)

A 500 km de Paris, L’Eifel offre aux amateurs de randonnées un plateau parsemé  de collines boisées et entaillé profondément par le lit des rivières. Des sentiers guident les promeneurs à la découverte de châteaux forts, de petites églises et de lacs romantiques.  Ces sentiers sont parsemés de panneaux qui permettent aux amateurs de randonnées et de volcans de découvrir que ces lacs sont des  « maars », donc une forme « négative » de cratère volcanique qui se sont remplis d’eau.  De nombreuses carrières dévoilent en chemin que la végétation exubérante  des collines cache leur caractère de cônes de scories et sur les fronts de taille, on peut lire l’histoire de leurs éruptions successives.

Eifelkarte-2012-1

Comme le montre la carte ci-dessus (source : Wikipedia, Auteur : Rhein-Mosel-Verlag, Zell), l’Eifel est délimité à l’est par le Rhin, au sud par la Moselle, à l’ouest par les frontières du Luxembourg et de la Belgique. Enfin, il s’étend au Nord approximativement jusqu’à une ligne Aix-la-Chapelle (Aachen)-Bonn.

L’histoire géologique de l’Eifel nous est résumée par des panneaux affichés dans le MaarMuseum à Manderscheid dont on trouvera une traduction en page jointe.

Première journée : randonnée autour des maars de Daun

Ayant quitté Paris à 7h00 du matin, nous avons piqueniqué à la frontière allemande et déposé nos bagages à l’Auberge de Jeunesse de Daun vers 14h00. Nous voilà partis pour une randonnée autour des trois «  Dauner Maare ».

Coupe transversale des maars
Coupe transversale des maars

Remarques sur le schéma : A gauche la Lieser  est une rivière. A droite, le Schalkenmehrener Maar présente un double cratère dont l’entonnoir oriental est comblé par des tufs et asséché.

Partant du Gemundener Maar, le plus petit et le plus bas, nous montons vers la tour Dronke. La vue se dégage sur un panorama du paysage volcanique du Nord du massif.

DP_Maars de Daun_vue_de_Dronketurm__Panneau

DP_Maars de Daun – Gemundener Maar vu de Dronketurm

 

Nous redescendons vers le Weinfelder Maar, le plus jeune et le plus élevé, appelé aussi le lac des morts « Totenmaar ». Sur l’autre rive, une jolie chapelle blanche a été construite sur l’emplacement d’un village disparu. Nous poursuivons la descente jusqu’au bord du Schalkenmehrener Maar, le plus ancien et le plus grand.

 

La brochure « flyer-entstehung-maare » décrit la formation des maars (voir la traduction des principaux extraits).

Deuxième journée : Gerolstein – la falaise dolomitique et le Rockeskyllerkopf

Le lundi matin, nous sommes montés au sommet de la falaise dolomitique (récif corallien du Dévonien) qui domine la petite ville de Gerolstein et ses bâtiments de grès rose. Au point de vue de Munterley,  nous avons passé un long moment devant un panneau décrivant la géomorphologie de ce que nous avions sous les yeux et illustrant l’histoire géologique de la région. Nous avons ensuite gagné à travers bois l’entrée de la grotte « Buchenloch-Höhle » (phénomène karstique) puis le Papenkaule, une dépression circulaire à l’emplacement d’un ancien volcan. Nous avons bouclé la promenade en passant par le Gerolsteiner Maar et le vieux château de Kasselburg construit sur du basalte.

Enfin, nous avons consacré l’après-midi à la découverte du Rockeskyllerkopf.

Différentes carrières ont été ouvertes dans les flancs de ce volcan mettant à nu son histoire et sa structure interne. Nous observons d’abord un lac de lave dans la partie Sud. Ensuite, le sentier nous conduit près du front de taille d’une carrière de granulats ouverte dans les parois d’un cratère surmontées à droite par la coulée (ou lac) de lave de la photo précédente. Un peu plus loin, nous admirons les couleurs de dépôts successifs formant de véritables œuvres d’art. Nous parvenons à un point qui domine la carrière nord qui nous offre un panorama sur l’anatomie du volcan.

Examinons plus en détail la partie droite de cette carrière.

DP_Rockeskyllerkopf, carrière nord

Nous nous trouvons face au célèbre nez de Rockeskyll avec sa grande variété de produits résultant d’évènements volcaniques successifs : A la base de l’édifice se trouvent les dépôts du maar initial contenant des débris d’encaissant (calcaire dévonien et grès). Une discordance marquée les sépare des couches supérieures noires basaltiques (cendres, lapilli et bombes) provenant de projections stromboliennes. On observe par endroit des failles de glissement.

Nez Rockerskyll Detail

Troisième journée : Le Mosenberg et le MaarMuseum à Manderscheid

Le mardi, nous avons marché à travers les volcans du Mosenberg et le « Vulkanerlebnispark »  puis visité le MaarMuseum à Manderscheid.

Nous longeons d’abord le lac de cratère Windsborn puis poursuivons notre chemin jusqu’à la croix qui marque le sommet du Mosenberg. Puis nous descendons vers le centre d’information du « Vulkanerlebnispark » qui, outre des panneaux, expose des spécimens de diverses roches volcaniques. Au retour, nous jetons un coup d’œil à un maar en partie asséché dont le fond est encore occupé par une tourbière vouée à disparaitre. C’est le destin d’un grand nombre de maars de l’Eifel et d’ailleurs.

Nous nous rendons ensuite dans la petite ville de Manderscheid pour visiter son musée, le Maarmuseum. Y sont exposés les fossiles exhumés du maar éocène d’Eckfeld (environ 45 millions d’années) dont un célèbre cheval fossile. Il s’agit là d’un phénomène analogue à celui de Messel.

Nous gagnons enfin notre nouveau logis à Andernach, sur les bords du Rhin.

Quatrième jour : Le Laacher See

Le Laachersee ne résulte pas d’une explosion phréatomagmatique. Ce n’est pas un maar mais un lac occupant une caldeira (effondrement du toit d’une chambre magmatique). L’éruption eut lieu il y a environ 13 000 ans avec une émission de 16 km3 de tephras. Les retombées du panache plinien (hauteur probable 35 km) s’étendirent sur plus de 300 000 km2 en Europe et constituent un outil de datation très utile. Une coulée fit barrage sur le Rhin près de la localité de Brohl créant un lac de 140 km2 . A la rupture du barrage, un raz-de-marée  dont on trouve des traces jusqu’à Cologne dévala le fleuve.

Après une visite de l’abbaye romane de Maria Laach, nous avons cheminé le long du lac dans la partie Nord-Est à la recherche des « moffettes ». Les moffettes sont des émanations de gaz carbonique remontant à travers les fissures du sous-sol, elles témoignent de l’activité magmatique toujours existante.  Nous avons aussi observé, au-dessus du sentier, un affleurement des grès du socle du Dévonien inférieur en partie masqué par la végétation.

Cinquième jour : Burg Elz et rentrée sur Paris

Sur le chemin du retour, nous visitons le château de Elz.

Compte-rendu préparé par JC, BD, JG,DP, HQ et RS. Traductions réalisées par BD

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