Sommaire
** Historique du domaine ** L'école d'Agriculture ** Le domaine agricole ** L'arbre de fer ** Le Musée du Vivant, collections et projet culturel ** Cartes postales anciennes ** Bibliographie
Château de Grignon – vue ancienne
Situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, le domaine de Grignon est un des sites les plus remarquables de l’Île-de-France. Niché dans la vallée du Rû de Gally, il est traversé par ce cours d’eau qui prend sa source dans le parc de Versailles, à l’est de la ferme de Gally, entre le Grand Canal et le parc du Grand Trianon avant de se jeter dans la Mauldre, affluent de la Seine.
L’établissement se divise en deux parties distinctes :
- À l’est d’un vaste parc de 291 hectares, entouré d’un mur ancien de près de sept kilomètres, se dressent le château de style Louis XIII, les bâtiments d’administration et d’enseignement, ainsi que les laboratoires.
- Hors des murs, la ferme d’expérimentation de l’École s’étend sur 219 hectares accueillant diverses exploitations agricoles.
Ancien plan cadastral du domaine intra-muros et vue aérienne des bâtiments actuels.
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1- HISTORIQUE
L’histoire du domaine de Grignon remonte à des temps anciens, bien avant l’établissement du village de Grignon au XIIème siècle.
Des traces d’occupation humaine précoce y ont été découvertes, notamment des éclats de silex et des pierres polies dans le champ de la « Défonce », situé à l’intérieur du parc actuel. Par ailleurs, au lieu-dit « Le fond de Thiverval », une chambre souterraine datée du IIIe-IVe siècle a révélé divers outils et des fragments de céramique gallo-romaine et mérovingienne, attestant ainsi la présence d’un ancien centre de fabrication de poteries.
L’histoire documentée du domaine commence véritablement en 1140, lorsque Hugues de Buc, seigneur des lieux, fait édifier une chapelle dédiée à saint Jean l’Evangéliste. Le site de ‘Greignon’ appartient au finage de la paroisse de Thiverval et se compose essentiellement de petites parcelles et de chaumières, à l’exception du castel primitif, probablement situé près de l’emplacement de l’actuel pavillon Dehérain (« Histoire de Grignon » par Lucien Brétignière). Au fil des XIVe et XVe siècles, la Chatellerie de Poissy, dont dépend ‘Tyverval-Buc’ et ‘Greignon’ passe entre les mains de différents seigneurs qui, par acquisition successives de parcelles, agrandissent progressivement le domaine.
En 1537, François 1er en devient propriétaire et le confie à Guillaume Poyet (1473-1548), chancelier de France. Ce dernier est notamment connu pour avoir été l’un des principaux artisans de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts‘ (1539), un texte fondamental dans l’histoire juridique et linguistique de la France. Cette ordonnance impose l’usage du français pour tous les actes juridiques du royaume et instaure l’enregistrement systématique des baptêmes par le clergé ainsi que des testaments et contrats par les notaires, jetant ainsi les bases de l’état civil français.
Après la disgrâce de Guillaume Poyet en 1545, François 1er attribue le domaine à Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes, sa maîtresse qu’il qualifie de « très chère et très aimée cousine ». En 1553, sous la pression d’Henri II, elle doit céder le domaine de Grignon à Diane de Poitiers, une de ses favorites, qui décède trois ans plus tard. S’ensuit un conflit de succession entre Anne de Pisseleu et les héritiers de Diane de Poitiers, jusqu’à ce que Françoise de Brézé, fille ainée de cette dernière, soit confirmée propriétaire par Charles IX en 1568.
En 1582, Charles Robert, duc de Bouillon et petit-fils de Diane de Poitiers, vend Grignon et Buc à Pomponne 1 de Bellièvre (1529-1607), diplomate et surintendant des finances. Celui-ci est marié à Marie Prunier, dame de Grignon, fille de Jean Prunier, seigneur de Grignon et Catherine de Senneton. En mars 1585, Henri III érige la terre de Grignon en châtellenie au bénéfice de Pomponne I de Bellièvre.
Le château actuel de style Louis XIII est édifié en 1633, sous l’impulsion de Nicolas de Bellièvre (1583-1650), président à mortier du Parlement de Paris et fils de Pomponne 1er de Bellièvre. Nicolas avait épousé Claude Brulart de Sillery
Le fils de Nicolas, Pomponne II de Bellièvre (1606-1657) succède à son père comme président à mortier du Parlement de Paris. Il épouse le 17 novembre 1633 Marie de Bullion. En 1651, Louis XIV érige le domaine de Grignon en marquisat, faisant de Pomponne II le premier marquis de Grignon.
Le domaine s’agrandit progressivement, atteignant 290 hectares. A la mort de Pomponne II en 1657, son frère Pierre de Bellièvre en hérite. En 1674, un mur d’enceinte de 7 kilomètres est construit, transformant domaine en réserve de chasse et entraînant le déplacement du village de Thiverval vers l’ouest. Des documents d’échange contemporains attestent l’existence de petites tours dans cette clôture, dont le colombier près du bureau de poste constitue – peut-être – le dernier vestige. Ce détail a donné son nom au lieu-dit « Les Tournelles du parc ».
Le 12 mai 1682, en raison de difficultés financières de Pierre de Bellièvre, le domaine est cédé à André III Potier de Novion (1659-1711), restant dans cette famille jusqu’à la révolution.
Le château, tel qu’il apparait aujourd’hui, est entouré de quatre fossés secs, plantés d’arbres fruitiers. Deux ponts permettent l’accès en carrosse à l’intérieur du château.
A la mort d’Anne Marie Gabrielle de Brassac (1747-1793), dernière descendante de la famille Potier de Novion et dernière marquise de Grignon, le domaine est mis sous séquestre, le château scellé et l’ensemble mis en vente.
Pierre-César Auguié, receveur général des finances et administrateur général des Postes, acquiert la propriété en 1796 et entreprend sa restauration. Il se rend fréquemment à Grignon pour voir ses filles, dont la mère, ancienne femme de chambre de Marie-Antoinette, s’était suicidée de désespoir.
L’une de ses filles, Louise Aglaé, surnommée Eglé, noue une amitié étroite avec Hortense de Beauharnais, fille de la future impératrice Joséphine et future reine de Hollande. Les deux jeunes filles se connaissent depuis leur séjour à la pension de St Germain fondée par Madame Campan, sœur de madame Auguié et ancienne première femme de chambre de la reine. Elles se rendent souvent ensemble à Grignon, parfois accompagnées de Joséphine.
Lorsque Bonaparte décide de marier le Général Ney, surnommé « le Brave des Braves », pour le maintenir dans son cercle rapproché, Joséphine et Hortense envisagent à Eglé, comme une possible candidate.
Le 5 août 1802 le mariage d’Eglé et du général Ney est célébré à la mairie de Thiverval, puis dans la petite chapelle de Grignon (acte du mariage). A cette occasion le général Ney porte le sabre courbe offert par Bonaparte, sabre qui devait le faire reconnaître et arrêter après les Cent-Jours.
Après le divorce de Napoléon, Eglé exprime le désir de suivre Joséphine en exil, mais son mari s’y oppose. Elle reste fidèle à son amie Joséphine toute sa vie, la rencontrant fréquemment, tout en honorant la mémoire de son mari, fusillé le 7 décembre 1815.
En 1821, Eglé effectue un pèlerinage à Grignon avec ses quatre fils, se remémorant les moments heureux qu’elle y avait vécus.
En 1803, M. Auguié cède le domaine au général Jean-Baptiste Bessières, Maréchal d’Empire (1804) et 1er Duc d’Istrie (1809), qui entreprend d’importants travaux. Il aménage le château dans le style Empire et plante 60 000 arbres dans le parc. Durant l’hiver 1809-1810 il invite l’Empereur à Grignon, accompagné d’une suite imposante comprenant le roi de Bavière, les reines de Naples et de Hollande, le général Duroc, grand maréchal du palais, et le maréchal Davout.
Lors de cette visite, les chevaux de l’Empereur ont des difficultés à franchir le pont méridional et le passage menant au vestibule d’honneur, ce qui met Napoléon de mauvaise humeur pendant le dîner et le bal. En conséquence, Bessières fait démolir le passage et combler le fossé méridional.
Bessières trouve la mort en 1813 à Lutzen, laissant à sa veuve une situation financière précaire en raison des dépenses considérables engagées pour la restauration du domaine. Pour aider la Duchesse, Napoléon fait racheter la propriété par les Domaines, la laissant sous le contrôle de la famille Bessières jusqu’à la majorité de son fils, Napoléon Bessières, 2ème Duc d’Istrie, après remboursement des dettes.
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2- L’ECOLE d’AGRICULTURE
En 1818, une ordonnance royale permet à Madame Bessières de mettre en vente le domaine. Le château, le parc et les terres de Grignon, couvrant près de 500 hectares, sont achetés le 24 juin 1826 par le Roi Charles X. Celui-ci les concéde en bail pour 40 ans à la Société royale agronomique.


Au sein de cette Société, Antoine-Rémy Polonceau (1778-1847), polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussée, fonde en 1827 avec Auguste Bella (1777-1836) lieutenant-colonel de l’armée napoléonienne et Chevalier de l’Empire, l’Institution royale agronomique de Grignon. Cette société regroupe des actionnaires issus des plus grandes familles du royaume, dont Charles X. Sa mission était de « convertir le Domaine Royal de Grignon en une ferme modèle pour les divers genres de culture, et d’enseigner par des expériences et des procédés pratiques les théories et les méthodes de l’agriculture perfectionnée, ainsi que les arts qui concourent à ses développements.»
Le premier Directeur de cette école fut Auguste Bella. Un exemple de bonne pratique agricole est gravé sur l’un des panneaux qui entourent le monument élevé à sa mémoire, dans le parc de Grignon : « Rarement la terre est mauvaise mais souvent elle est mal utilisée, on n’a jamais trop d’engrais, jamais de labours trop profonds ».
En 1828, Auguste Bella autorisa l’admission de cinq élèves, première promotion de l’école. En 1833, l’idée d’un diplôme commençe à prendre forme et devint réalité en 1836.
Entre-temps une ordonnance royale du 14 février 1829 autorise l’échange du domaine de Grignon et de 26 propriétés privées du Roi contre le terrain et les bâtiments des Feuillants à Paris à condition que Grignon soit affecté à l’Institution royale agronomique. En 1832 le domaine de Grignon devînt domaine de l’Etat.
Suite à la volonté du gouvernement d’étendre l’enseignement agricole, la chambre des députés adopte le 3 octobre 1848 un décret-loi l’organisant. Le 1er Novembre 1849, Grignon devient « Ecole régionale d’agriculture », au même titre que » Grand Jouan » (futur Rennes), « Saint Angeau » dans le Cantal et la » Saulsaie » (futur Montpellier)), dans le but de former « des chefs d’exploitation, propriétaires ou fermiers, moraux, capables et instruits ». Ces écoles régionales sont destinées à être des écoles d’application pour l’industrie rurale, et l’enseignement devait donc être orienté vers la pratique de l’agriculture. L’enseignement à Grignon passe sous la responsabilité de l’État tandis que la gestion du domaine demeure sous la responsabilité de la Société royale agronomique.
Dans le même temps, une grande école supérieure d’agriculture appelée l’Institut agronomique est créé à Versailles.
En 1850, à l’âge de 73 ans, Auguste Bella laisse sa place à son fils François, qui va considérablement améliorer l’école et l’exploitation agricole.
En 1852, l’Institut agronomique de Versailles ainsi que l’Ecole régionale de Saint Angeau sont fermées et Grignon devient « Ecole impériale d’agriculture ». Cependant son statut n’est pas modifié.
En 1867, à l’expiration du bail de 40 ans octroyé par le Roi Charles X, la Société royale agronomique est dissoute. À cette époque, l’école accueille une centaine d’élèves, tous internes et, à partir de 1869, des externes et des auditeurs libres, qui logent dans les environs.
Entre 1870 et 1961, Grignon évolue pour devenir l’« Ecole nationale d’agriculture ». Cette période est marquée par plusieurs événements significatifs :
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- En 1870, en raison de la guerre avec la Prusse, l’école n’effectue pas la rentrée des élèves.
- En 1873, un arboretum est implanté dans le parc du domaine.
- La visite du président de la République, Mac-Mahon, a lieu.
- En 1895, Grignon accueille un nombre record d’élèves : 239 élèves réguliers et 9 auditeurs libres. Les études se prolongent sur une durée de 3 ans, ce qui nécessite une extension des bâtiments à partir de 1896.
- En 1900, lors de l’Exposition Universelle, de nombreux visiteurs affluent et le Congrès International d’Agriculture y organise une excursion. Les visiteurs étrangers soulignent l’importante contribution de la fameuse « Ecole de Grignon » au progrès agricole dans le monde entier. Cette même année, dans le cadre du Congrès International de Géologie, une délégation de scientifiques visite la falunière, accompagnée par Stanislas Meunier ( géologue et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle et à l’Ecole nationale d’agriculture de Grignon.
- En 1908, le titre d’ingénieur agricole est accordé aux élèves diplômés des trois écoles nationales d’agriculture.
En 1913 la mixité à Grignon est instituée. Le président de la République, Raymond Poincaré, visite l’école le 22 octobre.
- En septembre 1915, l’école n’assure pas la rentrée des élèves en raison de la guerre contre l’Allemagne. 133 élèves et anciens élèves de Grignon perdent la vie lors des combats entre 1914 et 1918.
- En 1917, un centre de réadaptation aux travaux agricoles pour les mutilés (blessés et réformés) de la guerre de 14/18 est ouvert dans l’école sous l’impulsion du commandant et député des Vosges, Constant Verlot. Cette initiative est marquée par une nouvelle visite du président de la République, Raymond Poincaré.
- « Homme retournes à la nature, Oubliant le son du canon, Gloire ! gloire à l’agriculture ! Gloire à nous fils du vieux Grignon ! » Extrait de « l’Hymne Grignonnais » créé à la fin de la guerre.
La seconde guerre mondiale est une période tourmentée pour le domaine de Grignon. Son Directeur depuis 1937, Eugène Vandervynckt est mobilisé en 1939, puis fait prisonnier par les allemands. Après son retour à Grignon en mai 1941, suite à un bref intérim de Lucien Brétignière, il transforme le domaine en une antenne du réseau de résistance Prosper, créé par un service de renseignement britannique. En 1943, Eugène Vandervynckt rejoint personnellement ce réseau de résistance. Malheureusement, il est arrêté et déporté, et décède à Dachau, le 1er mai 1945.
Le château de Grignon – vue actuelle
- En 1946, au lendemain de la guerre, la France fait face à un défi majeur : nourrir la population ! C’est dans ce contexte que l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) est fondé, marquant le début d’une ère de modernisation agricole. L’après-guerre voit l’essor du machinisme agricole et l’adoption de nouvelles techniques culturales, suscitant un vif intérêt chez les enseignants et les élèves, désireux de suivre les progrès des agriculteurs et de leurs organisations professionnelles.
Durant la première moitié du XXe siècle, Lucien Brétignière (1877-1953) joue un rôle clé dans l’histoire de Grignon. Entré à l’école comme étudiant en 1893, devenu professeur en 1898 il assure la direction par intérim pendant durant les années d’occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale. Il a consacré son énergie inlassable à améliorer les méthodes de cultures. De 1925 à 1953, il est également maire de Thiverval-Grignon, et son nom est aujourd’hui associé à une avenue menant à l’entrée de l’école.
En 1961, Grignon prend le statut d’ « Ecole nationale supérieure agronomique » (ENSA). Quelques années plus tard, la grève de Mai 1968 ouvre une période de réflexion et de réorganisation des programmes d’enseignement. L’année 1972 constitue un tournant majeur : l’ENSA Grignon et de l’INA Paris fusionnent par le décret du 31 décembre 1971, donnant ainsi naissance à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, conçu pour se développer de manière équilibrée sur ses deux centres.
En octobre 1988, le Club Géologique de La Poste et France Télécom en Île-de-France (devenu Club géologique Île-de-France en 2018) est invité à Grignon par Jean-Jacques Durey, alors sous-directeur de l’Institut National Agronomique Paris-Grignon. Une Convention pour la réalisation d’une fouille scientifique dans la falunière sous le contrôle du Muséum National d’Histoire Naturelle est signée. Cette convention est régulièrement renouvelée jusqu’au 26 mai 2018, date à laquelle un Arrêté préfectoral officialise la protection du site géologique de Grignon.
La Géologie au fronton des Laboratoires
Le 4 Mai 1996, une carte postale ancienne représentant la falunière (dont la date est inconnue) est utilisée comme support « premier jour » pour le timbre émis à l’occasion du cinquantième anniversaire (verso) de la création de l’INRA.
Le 1er Janvier 2007, l’INA P-G, l’École Nationale du Génie Rural, des Eaux et des Forêts (ENGREF) et l’École Nationale des Industries Agricoles et Alimentaires de Massy (ENSIA) fusionnent pour former un établissement unique : l’Institut des Sciences et Industries du vivant et de l’environnement, plus connu sous le nom d’AgroParisTech.
En 2015, l’État annonce la mise en vente le domaine de Grignon (voir le fil d’actualités) :
- Le club de football Paris Saint Germain (PSG) se positionne comme premier acquéreur potentiel, mais face à la forte mobilisation contre la vente du domaine, le club choisit de s’installer sur le site de Poissy.
- La vente du domaine à Altarea Cogedim, promoteur immobilier, est annoncée le 30 juillet 2021, puis annulée le 15 novembre 2021.
- En février 2022, le recours d’Altarea Cogedim contre cette annulation est rejetée.
- Le 14 juin 2024, l’Etat annonce que le domaine de Grignon sera affecté à un projet d’intérêt général, dont les contours restent à définir.
En septembre 2022, l’installation d’AgroParisTech Grignon et des autres sites AgroParisTech d’Ile-de-France sur le campus Agro Paris-Saclay, aux côtés de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), devient effective.
Nota : Gaspard König, lauréat du prix Interallié 2023 pour son roman « Humus », décrit le campus d’AgroParisTech en ces termes : « La mare au diable pour promeneur de l’anthropocène. »
Une exposition est organisée lors des journées du patrimoine 2013 par Le Musée du Vivant (voir aussi ci-dessous) et l’Association Patrimoine AgroParisTech retrace la longue histoire d’AgroParisTech. Sous la plume de Jean Vincent et Pascal Clerc (CFSG) : Grignon – de la fin du terroir paysan (1674) au haut lieu de l’agronomie (1826), un bien commun à l’aube d’un grand tournant (2021).
Découvrez aussi les grandes évolutions du domaine de Grignon en images sur le site de l’Association Grignon 2000 qui a réalisé une frise historique du domaine !
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3- LE DOMAINE AGRICOLE
Les surfaces totales du Domaine comprennent :
- 315 hectares de terres cultivées, de pâturages et de parcelles d’expérimentation végétale,
- 145 hectares de forêts,
- 30 hectares de constructions, de cours, de jardins, de routes et de chemins,
ce qui représente un total de 490 hectares (selon le plan d’affectation des surfaces en 1899).

Les productions animales de la ferme de Grignoncomprennent environ 150 vaches laitières, 170 génisses et 530 brebis mères.
Parmi les installations remarquables, on peut citer :
- Le centre d’expérimentation agricole, s’étendant sur environ 40 hectares et abritant plus de 3000 parcelles, dont certaines ont été mises en place il y a plus de vingt ans. Utilisées par la chaire d’agronomie de l’Ecole, ces parcelles servent à l’étude et au développement des techniques de production, en partenariat avec l’INRA.
- Le champ d’essai de la station agronomique, d’une surface d’un hectare et demi, créé en 1875 par Dehérain. Parmi les 130 parcelles qui le composent, certaines font l’objet d’études continues, fondamentales ou appliquées, depuis près d’un siècle. Ce dispositif, par sa longévité, constitue un matériel d’étude inestimable, considéré par les spécialistes comme unique en Europe continentale.
- L’arboretum créé à partir de 1871 par Pierre Mouillefert (1846-1903), professeur de sylviculture à l’Ecole nationale d’agriculture de Grignon. Aujourd’hui, il est géré par l’association de l’Arbre de fer (voir ci-dessous).
Une présentation d’ensemble de l’évolution du parc de Grignon est disponible sur le site de l’Arbre de fer

Grignon, reconnu pour son expertise en matière de connaissances agricoles, a su évoluer au fil du temps pour accueillir des structures pédagogiques adaptées. Sa mission principale consiste à former chaque année 200 ingénieurs agronomes, issus de diverses nationalités, dotés d’une solide culture scientifique.
Le campus abrite près de 2000 personnes, comprenant chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants, travaillant dans un large éventail de spécialités : bio-industries, biotechnologies, protection de la nature, aménagement de l’espace, agriculture, industries agroalimentaires, ainsi que dans les secteurs des services et de la coopération internationale.
La formation dispensée mène à l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome de l’INA-PG. En 2011, l’Institut National Agronomique Paris-Grignon a célébré ses 35 ans d’existence.
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4 – L’Arbre de fer
Fondée en 2001, l’association de l’Arbre de fer a pour mission de préserver et de mettre en valeur l’environnement naturel du campus d’AgroParisTech à Grignon, en mettant un accent particulier sur l’arboretum, créé à partir de 1871 par Pierre Mouillefert, enseignant de sylviculture à l’École nationale d’agriculture de Grignon. L’association veille également sur le jardin anglais, le jardin botanique et le ‘labyrinthe’. Depuis 2005, l’Arbre de fer enrichit l’espace commémoratif de l’école en plantant des arbres à chaque promotion d’élèves.
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5 – Musée du Vivant
En 2005, le « Musée du Vivant » est créé « dans le but de rassembler les collections patrimoniales d’AgroParisTech, avec pour objectif de préserver les richesses de l’institution et de les intégrer dans un projet culturel tourné vers l’avenir.
Ce musée abrite diverses collections, notamment :
- Des collections scientifiques comprenant des éléments utilisés dans le passé à des fins pédagogiques, tels que des planches de botanique, des maquettes agricoles, des herbiers, des boîtes d’entomologie, des instruments scientifiques, des éléments de xylothèque, etc.
- Des collections historiques liées à la vie de l’établissement, notamment des photographies de promotion et les archives de personnalités telles que René Dumont et René Dubos.
- Des collections artistiques acquises grâce à d’importants dons, provenant d’artistes tels que Michel Granger, Speedy Graphito, René Pétillon, Bernard Plossu, Luc Schuiten etc.
- Une collecte d’objets liés à l’écologie dans notre quotidien, tels que des autocollants, des emballages, des timbres, des vinyles, des jouets, etc.
Les fonds couvrent une période qui s’étend de la pré-écologie, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, permettant ainsi d’aborder l’écologie scientifique, culturelle, politique et de vie quotidienne. » Extrait de la brochure du Musée du Vivant
» AgroParisTech, une longue histoire » Récemment exhumé des archives numériques, ce document raconte l’histoire illustrée du domaine de Grignon et de l’école d’Agriculture. Il retrace l’histoire illustrée du domaine de Grignon et de l’École d’Agriculture. Il retrace le passé de ce site remarquable à travers une exposition organisée dans le château de Grignon lors des journées du patrimoine 2013 sous l’égide du Musée du Vivant et de l’Association Patrimoine AgroParisTech.
Accès à la brochure et au site internet du Musée du Vivant.
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6- CARTES POSTALES ANCIENNES
Pour conclure, voici une collection de cartes postales anciennes offrant un aperçu du domaine et de la vie estudiantine de « l’École Nationale d’Agriculture de Grignon » (appellation officielle utilisée de 1870 à 1961).
Bibliographie :
« Histoire de Grignon » par Lucien Brétignière et L. Risch, Impr. de Langlois, Châteauroux,1910
« Grignon, de l’Institution Royale… à l’INA-PG – Deux siècles d’agronomie » – Philippe Joly, René Doligé et Jean Renaud et al, 1995, Editagro.
Mairie de Thiverval-Grignon – site internet
Pierre-Michel van WIN, Geneanet
« Le mariage de NEY au château de GRIGNON » extrait de ‘Un grand Mariage au Temps du Consulat’ de Georges Maugin -éditions ’Librairie Mercier’ (1930)
Fabrice Bourrée « La Résistance en Ile-de-France », AERI, 2004 – Musée de la résistance en ligne.
Alain Piffaretti « Grignon, bastion de la résistance pendant la guerre ». paru dans le journal « Les Echos » du 5 août 2023.