Aude Bouillé, benjamine du club, a gentiment accepté de faire le compte rendu (texte, photos et légendes) de cette sortie à laquelle elle a participé avec son papa.
Samedi 13 Octobre au matin, après deux heures de route sans problème depuis la région parisienne, et grâce aux indications très claires qui ont été fournies, nous nous retrouvons au parking de la carrière, là où le rendez-vous est fixé. Les véhicules des divers membres arrivent progressivement ; la colonne gagne alors une entrée de la carrière, dans la partie sommitale, où nous garons les voitures, à l’intérieur de l’enclos, sur la seule bande bituminée. Chacun enfile sa tenue de terrain, prépare son matériel, les marteaux, burins et les sacs. Malgré une pluie désagréable, nous suivons la piste inondée et boueuse qui mène à un front de taille. Je suis très pressée d’arriver sur les lieux, et j’ai d’ailleurs très peu dormi, tant j’étais impatiente d’être sur le terrain. Le site est assez vaste, avec en fait divers fronts de taille, que l’on ne peut joindre en ligne droite en raison d’étendues d’eau et parfois de fossés remplis qu’il nous faut contourner. Tout est glissant, et la boue colle aux semelles, les chaussures pesant lourdement à chaque pas. Il faut un certain temps pour s’habituer à distinguer dans la boue les formes caractéristiques des ammonites.
En fin de journée, la colonne de voitures gagne un hôtel dans Caen, où la majorité du groupe doit dormir. Après une petite heure, nous repartons assez loin de la ville, vers un village charmant, où nous attend un très bon restaurant. La pièce est superbe avec plafond voûté fait de blocs de calcaire, et bien décorée de quelques statues et d’instruments agricoles divers, tous anciens, l’usage de certains d’entre eux constituant d’ailleurs une énigme. Un excellent repas nous est servi, et les conversations se font dans une ambiance détendue et chaleureuse. Le temps s’écoule sans que l’on s’en aperçoive et c’est assez tard que nous regagnons Caen, le groupe convergeant vers l’hôtel, alors que nous gagnons mon père et moi la maison d’amis qui nous ont laissé leur clé.
Le Dimanche matin assez tôt, nous repartons, direction l’hôtel du groupe. Mais, hélas, au bout d’un moment où nous croyons être sur le périphérique de Caen, nous constatons que nous sommes en rase campagne. Force est de réaliser que l’on a raté un embranchement ! Un appel téléphonique pour prévenir de notre erreur, et nous retrouvons l’hôtel, confus d’avoir impliqué un retard dans une organisation qui marchait si bien.
Nous gagnons la carrière, comme la veille, mais nous sommes moins nombreux, certaines personnes étant rentrées sur Paris où ayant préféré rester au chaud. Les conditions météorologiques sont cependant bien meilleures ; la pluie ayant cessé, le niveau des nappes à l’affleurement a baissé. Ce n’est certes pas sec, et l’on patauge encore, mais cela devient plus praticable. La tranche d’eau étant moins épaisse, l’on trouve dans la boue des petites ammonites toutes dégagées et émergeant pour partie. D’après Papa, c’est mieux pour la récolte que si le sol était totalement induré… Après diverses explorations tous azimuts, le groupe se retrouve progressivement dans une zone visiblement très riche en faune : ammonites, nautiles (moins nombreux), brachiopodes, dont certains en très bon état, quelques pélécypodes, dont des pectens de grande taille (10 à 15 cm), et même quelques gastéropodes.
Quelques acharnés ont le courage d’attaquer une couche constituant le plancher de la formation (donc le toit de l’autre), qui doit être la limite du Toarcien à l’Aalénien d’après Papa (qui n’irait pas jusqu’à le garantir…). Leur courage est récompensé, et ils sortent de très belles pièces, non sans pester lorsque le dégagement s’accompagne parfois de casse. Après avoir ramassé quelques fossiles, je préfère prendre l’appareil photo que je n’ai pu utiliser hier en raison de la pluie battante, et je laisse mon père charger le sac des diverses trouvailles. Il fait ainsi une série de navettes jusqu’à la voiture.
En début d’après-midi, nous regagnons définitivement les voitures, certains courbés sous le poids des sacs de fossiles, à moins que ce ne soit pour s’incliner avec respect devant l’âge des fossiles récoltés.
Un rapide repas auprès des voitures, et c’est l’heure des adieux, et du retour vers la région parisienne.
En conclusion, c’est une très belle visite, malgré les conditions météorologiques défavorables du premier jour et la praticabilité du site ; dès le second jour, la pluie ayant cessé, le terrain s’est révélé moins difficile à parcourir, et j’ai déjà connu bien pire dans les marnes de Dives à Villers/Mer. Une très belle récolte aussi, qu’il faut maintenant nettoyer soigneusement, puis identifier à l’aide des traités et publications diverses. Enfin, je retiens surtout l’ambiance chaleureuse et sympathique, et la gentillesse des adultes pour répondre à mes questions et me donner de nombreuses informations. C’était une sortie très réussie, très bien organisée, dont je garderai toujours un très bon souvenir. Aude Bouillé