Participants : Françoise, Nicole, Monique, Hélène, Ypin, Aude, François, Claude, Jean Claude, Robert, Jean Gérard, Hervé, Jacques
Journée du 9 Mai : organisateurs Jean Claude et Robert
C’est le Jeudi 9 Mai au matin, par une matinée ensoléillée, que l’équipe se retrouve sur la place du château, à Mailly-le-Château, sur une terrasse surplombant un superbe méandre du Canal du Nivernais. Certains sont partis très tôt de Paris, d’autres ont passé la nuit à proximité du lieu de rendez-vous.
Les organisateurs distribuent aimablement un livret, réalisé par Jean Claude, concernant le récif que nous allons voir en détail au cours de la journée. Jean Claude et son ami Robert nous font un bref exposé pour préciser les endroits que nous allons visiter ainsi que la nature des terrains.
Cartographiquement, nous sommes sur la carte géologique de Vermenton (cf documentation).
Géologiquement, il s’agit essentiellement de calcaires oxfordiens (163-157 MA), sous forme d’un vaste récif, en bordure de l’océan et du Massif Central de l’époque, que l’on suppose émergé.
On a pu identifier par endroits les zones caractéristiques d’un récif, à savoir :
-l’avant récif, avec des coraux massifs résistant à un régime hydrodynamique assez violent, ce que confirme la présence d’oolites, ainsi que divers débris constituant le calcaire, évidemment dit calcaire bioclastique,
-le récif lui-même,
-l’arrière récif, au régime hydrodynamique calme,
-une deuxième formation récifale, dite récif inférieur, correspondant à une zone très calme, avec des coraux en position de vie ; il s’agit très certainement d’une biocénose au sein du platier, dans le lagon.
Depuis la terrasse de Mailly le Chateau, l’on bénéficie d’une excellente vue sur la vallée alluviale en contrebas mais aussi, à notre gauche, sur une corniche constituée de calcaires accusant un pendage NNW faible (environ 15°) aisément visible au travers d’une éclaircie entre les arbres, et dont la valeur peut être aisément vérifiée à la boussole de géologue).
Après cette intéressante introduction, nous prenons les véhicules et faisons plusieurs arrêts le long d’une petite route longeant le canal, la D100, du N-E vers le S-W.
Au premier arrêt dans la réserve, où tout prélèvement est interdit, nous pouvons admirer des coraux ramifiés (cf photos). Nous faisons une incursion sur une voie ferrée, taillée dans la roche, et dans les parois de laquelle on voit d’autres polypiers.
Après un autre arrêt, où l’on voit encore mieux les polypiers ramifiés, nous prenons une petite route et gagnons par les bois une ancienne carrière, où l’on voit face à nous sur les rochers de superbes exemplaires.
Nous déjeunons certains plus sommairement que d’autres sur une aire tranquille, de l’autre côté du canal, face aux Rochers du Saussois et de Roche aux Poulets (le choix de la Roche aux Poulets pour le déjeuner est fort judicieux…), au pied desquels nous examinons les roches. Malgré la présence de Jean, habitué des rochers du Saussois, nous n’escaladons pas, faute de temps.
Nous prenons une autre petite route très peu fréquentée, et pouvons examiner de plus près les rochers, la présence de débris de polypiers et des formes de sédimentation (cf photos).
Nous gagnons ensuite Châtel-Censoir, à côté d’un passage à niveau, où l’on peut voir clairement la disposition stratigraphique des masses récifales (cf photos), depuis le bas vers le haut :
-un banc massif de calcaire à chailles, avec un léger pendage, constituant la base,
-puis une épaisse masse calcaire micritique,
-sur lequel s’est installé un biostrome, empilement de coraux tabulaires,
-enfin, surmontant le tout deux biohermes en partie recouverts par la végétation.
Nous continuons la route sur quelques kilomètres et faisons un dernier arrêt dans un restant de carrière, de petite taille, longeant la route, où l’on peut trouver divers fragments de fossiles, ainsi que des rognons de silex, restes de spongiaires. La dispersion se fait là, l’équipe devant se retrouver pour dîner..
En fin de journée, nous gagnons l’Hôtel des Cymaises, charmant petit hôtel en centre ville et néanmoins parfaitement calme, très propre, à l’accueil sympathique. Un excellent choix, à recommander aux amis ! In extremis, nous récupérons Claude, qui après une errance dans les ruelles de Semur, parvint enfin à trouver l’entrée du parking de l’hôtel. L’équipe se retrouve ensuite au restaurant, très proche de l’hôtel, où nous dînons dans une ambiance sympathique).
Journée du 10 Mai : organisateur Hervé
Le 10 Mai au matin, nous gagnons à pied le Musée de Semur en Auxois, où nous retrouvons avec plaisir Hervé Dineur, accompagné de Jean Luc, membre du Club Géologique de Dijon (SMPD). Nous sommes très aimablement accueillis au Musée par Alexandra, la conservatrice du musée, qui nous servira de guide. Après un bref historique du musée, elle nous emmène visiter les salles des collections, en nous fournisant d’intéressants commentaires. Dès l’entrée, nous pouvons admirer, située à l’extérieur, une belle collection de plaques de cheminées, avant de pénétrer dans le rez-de chaussée au sein d’une galerie de sculptures et moulages en plâtre divers; la plupart sont d’Auguste Dumont – notamment la sculpture représentant un ange ailé qui brandit, en s’élançant dans les airs depuis son pied gauche, dans la main droite un flambeau et dans la gauche des chaînes brisées. Cette sculpture servira de modèle pour la sculpture en bronze doré « le Génie de la Liberté » installé au sommet de la colonne de Juillet sur la Place de Bastille, à Paris.
Ce musée est très riche et varié, puisqu’il renferme aussi bien des collections archéologiques, médiévales, une gallerie de tableaux, la gallerie de statues déjà mentionnée, et enfin des collections de sciences naturelles, dans l’esprit des cabinets de curiosité des siècles passés. L’on y trouve aussi bien des mammifères, des oiseaux, des insectes ou des serpents, qu’une collection de fossiles, d’une valeur exceptionnelle, comportant notamment une impressionnante série d’ammonites appartenant à de nombreuses espèces, de toutes tailles, toutes parfaitement identifiées (cf photos) . L’on pourrait passer ici des semaines à étudier les spécimens présentés, où l’on a pris le soin de conserver les étiquettes originales.
L’intérêt de ces collections est double, car celles-ci sont restées dans leur contexte de création, et les conservateurs successifs ont pris soin de ne pas moderniser la présentation, ce qui aurait constitué une atteinte à la muséologie. Ainsi que le précise notre guide, nous avons affaire ici à « un musée dans le musée ». L’on a évité à Semur-en-Auxois les erreurs graves qui ont été commises à la galerie de l’évolution au Museum d’Histoire Naturelle de Paris.
Nous quittons à regret ce superbe musée, mais il nous faut gagner la carrière de Vic de Chassenay, où nous allons passer l’après-midi.
Nous gagnons la carrière où nous pique-niquons à une centaine de mètres du centre d’enfouissement des déchets, les remparts du stockage étant constitués par des entassements de rochers extraits de la carrière. Celle-ci a une intense activité et donne l’impression d’être bien gérée. L’on ignore ce qu’il en est des nappes sous-jacentes… Nous ne sommes pas venus pour faire de l’hydrogéologie. Cette carrière est dans le Sinémurien (199-190 MA), étage qui a été défini précisément à Semur en Auxois par le célèbre paléontologue Alcide d’Orbigny. A cette époque, la région est sous les eaux d’un bassin peu profond, aux confins Ouest de la Téthys, proche de l’archipel européen. Le stratotype sinémurien a été, depuis, déplacé, sur décision de commissions internationales, en Angleterre, dans le Somerset (et plus précisément à East Quantoxhead… ).
Les dernières consignes de sécurité sont rappelées, les membres de l’équipe enfilent les gilets d’un jaune fluo (la dernière mode de chez Dior), et après avoir gravi la pente, les membres se dispersent un peu sur le terrain. Les blocs de rochers sont parfois énormes. L’on peut y rouver de superbes ammonites, hélas rarement entières, en moyenne d’une trentaine de centimètres, mais parfois beaucoup plus grandes. Certaines, épigénisées en calcite, présentent de belles loges cristallisées. Les nautiloïdes sont plus rares. L’on trouve aussi des bancs entiers de gryphées (principalement Gryphaea arcuata), des fragments de tiges d’encrines (Pentacrinus basaltiformis), des lamellibranches (Pleuromya), de rares gastéropodes et des brachiopodes. Abondante récolte et de qualité.
Progressivement, dans le courant de l’après-midi, les participants quittent la carrière, certains rentrant directement sur la région parisienne, d’autres restant en Bourgogne afin de visiter le lendemain divers hauts lieux de la civilisation occidentale (l’abbaye cistercienne de Fontenay, l’église cistercienne de Pontigny ainsi qu’une courte halte chez un producteur de… Chablis pour une petite dégustation et quelques emplettes).
En résumé, cette sortie dans l’Yonne est une parfaite réussite, les organisateurs ayant choisi des lieux riches et pédagogiques, fourni documentations et explications, et poussé le souci de perfection jusqu’à commander auprès du service de la météorologie le temps idéal à nos activités. Un grand merci !
Aude Bouillé
>> Les photos sont d’Aude, Monique et Jacques
Documentation:
Carte géologique BRGM Vermenton n°435 au 1/50 000
Ecole de Terrain – Un récif corallien dans la vallée de l’Yonne- D.Raymond, P.Hubert, B.Urgelli, – www.planet-terre.ens-lyon.fr
L’Oxfordien de l’Yonne – saga-geol.asso.fr
www.sitesnaturelsbourgogne.asso.fr
Quelques sites sur les ammonites :
www.ammonites.fr
jsdammonites.fr
bertinjc.free.fr
crioceratites.free
Musée de Semur mentionné sur les sites :
www.tourisme-semur.fr
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