Athleta (volutospina) spinosus (Linnaeus, 1758) – Présentation nov 2023 au MNHN, galerie de Paléontologie
Les fossiles du bassin parisien ont attiré l’attention des hommes dès le Paléolithique en raison de leur attrait décoratif, comme en témoigne leur utilisation pour la parure, une pratique remontant à environ 100 000 ans (voir article rencontres géosciences de D.Merle).
Les coquillages, qu’ils soient fossiles ou non, étaient collectés pour leur valeur esthétique ainsi que pour leur utilisation dans les rites funéraires.
Le site préhistorique de Pincevent en Seine-et-Marne dans la vallée de la Seine est le plus grand gisement magdalénien découvert en Europe. Il a révélé les vestiges d’un campement magdalénien saisonnier de chasseurs de rennes datant d’environ 12 300 ans et des parures confectionnées à partir de fossiles de l’éocène. L’analyse en est faite par Marian Vanhaeren dans un article publié sur le site Persée : « La parure, de sa production à l’image de soi – Un dernier hiver à Pincevent, les Magdaléniens du niveau IV0″.
Depuis l’antiquité romaine, le calcaire grossier parisien a été une source majeure de pierres à bâtir dans la région Île-de-France. Ces carrières ont permis de prélever des roches sédimentaires carbonatées, riches en coquilles fossiles du Lutétien, notamment des nummulites, de grands foraminifères marins.
La première mention littéraire des fossiles du bassin parisien remonte au XIIIe siècle, lorsque Albert le Grand les décrit comme des éléments organiques provenant d’animaux disparus.
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Albert le Grand
Albert le Grand (1200-dominicain, fut un enseignant influencé par les travaux d’Aristote, de Platon, d’Averroès et d’Avicenne, parmi d’autres figures majeures de la pensée médiévale. Naturaliste également, il accordait une grande valeur à l’expérience et à l’observation méthodique et objective du monde qui l’entoure. En cela, il partageait une perspective similaire à celle de son contemporain Roger Bacon (1220/1294), tous deux défendant l’idée que la connaissance ne devrait pas uniquement reposer sur la théorie et la tradition, mais aussi sur l’expérience directe et empirique. Cette idée, selon laquelle l’observation du monde constitue un moyen efficace d’acquérir des connaissances, influença de manière significative de nombreuses disciplines occidentales à la fin du Moyen Âge.
Un brachiopode fossile Albasphe albertimagni [1] a été nommé en son honneur.
Dans son texte intitulé « De causis proprietatum elementorum » (Des propriétés des éléments), Albert le Grand évoque l’origine des fossiles en abordant les notions de transgression et de régression marine. Il propose également l’une des premières descriptions des fossiles du bassin de Paris, qu’il identifie comme des restes d’animaux aquatiques préservés dans les pierres de Paris grâce aux conditions de froid et de sécheresse de ces dernières. Cette observation préfigure les recherches ultérieures sur les fossiles et leur formation :
"Nous trouvons une preuve de tout cela (le recul de la mer) dans les restes d’animaux aquatiques (...) ; l’eau sans doute les y a amenés avec le limon gluant qui les enveloppait ; le froid et la sécheresse de la pierre les ont ensuite préservés d'une putréfaction totale. On trouve une très forte preuve de ce genre dans les pierres de Paris, en lesquelles on rencontre très fréquemment des coquilles, les unes rondes, les autres en forme de croissant de Lune, les autres encore bombées en forme d’écaille de tortue."
Ce texte n’est pas sans rappeler celui de Strabon, géographe et historien grec (v. ap. J.-C.) dans lequel il relate son voyage en Egypte (v. 25 :
"A 40 stades au-delà de Memphis, règne une côte montagneuse sur laquelle se dressent plusieurs pyramides, qui sont autant de sépultures royales. Trois de ces pyramides sont particulièrement remarquables...En visitant les pyramides, nous avons observé un fait extraordinaire et qui nous a paru mériter de ne pas être passé sous silence. Il s'agit de gros tas d'éclats de pierre qui couvrent le sol en avant des pyramides et dans lesquels on n'a qu'à fouiller pour trouver de petites pétrifications ayant la forme et la dimension d'une lentille [2] et reposant parfois sur un lit de débris [également pétrifiés] assez semblables … On prétend que ces pétrifications sont les restes des repas des ouvriers qui ont élevé les pyramides, mais la chose n'est guère vraisemblable. Il existe en effet dans une des plaines de notre pays une colline allongée, remplie, comme celle-ci, de fragments de tuf siliceux qui ont aussi cette configuration lenticulaire." Strabon Géographie Livre XVII, I - 34 Traduction Amédée Tardieu (1880) sur le site Remacle.org.
[1] Albasphe albertimagni est un nouveau brachiopode qui possède un septum dorsal avec une cavité intra-septale et des crêtes submarginales dorsales, deux caractéristiques en commun avec Aalenian Zellania Moore, 1855 dont il diffère en l’absence du septum ventral et des crêtes submarginale ventrales. « Unusual brachiopod fauna from the Middle Triassic algal meadows of Mt. Svilaja (Outer Dinarides, Croatia) » 2015 by Adam T. Halamski, Maria Aleksandra Bitner, Andrzej Kaim, Tea Kolar-Jurkovšek, Bogdan Jurkovšek.
« Les unes rondes, les autres en forme de croissant de Lune, les autres encore bombées en forme d’écaille de tortue » : reconnaître dans ces descriptions sommaires les différents foraminifères (nummulites, milioles, orbitolites …) présents en grande quantité dans le calcaire grossier lutétien. ↩
[2] Ces « lentilles » sont en fait des foraminifères extraits de carrières à nummulites d’âge lutétien et appartenant à une espèce particulières Nummulites gizehensis (Forskall, 1775). ↩
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Bernard Palissy
Bernard Palissy (v.1510-1589/1590), célèbre pour être l’inventeur des ‘rustiques figulines’ du roi, crée un œuvre céramique foisonnante de reptiles, de batraciens et de coquillages. Il met en scène un monde animal, végétal et minéral stupéfiant de véracité en utilisant la technique du moulage sur le vif et en maîtrisant les subtilités des glaçures colorées, qu’elles soient transparentes, opaques ou translucides. Les coquillages qu’il a reproduits sont principalement des moulages de mollusques bivalves, notamment des bucardes, des coques (Cerastoderma edule), des pétoncles (Chlamys sp.), des praires (Venus verrucosa). On y trouve également quelques mollusques gastéropodes, tels que des nasses (Nassa reticulata) et de petits bulots (Buccinum undatum, le buccin). Tous ces spécimens étaient disponibles sur la côte rocheuse et sableuse des Charentes, à proximité de son atelier à Saintes.
Autodidacte et ignorant le latin, Palissy a été peu influencé par les théories de ses prédécesseurs. Grâce à son sens aigu de l’observation, il demeure l’une des grandes figures de la Renaissance.
« Il y a plus de 140 ans qu’un auteur français qui semblait se faire gloire d’ignorer le grec et le latin a indiqué un grand nombre d’endroits du Royaume où des Coquilles sont ensevelies. je veux parler de Bernard Palissy, dont je ne voudrais pas adopter toutes les idées, mais dont j’aime extrêmement l’esprit d’observation et la netteté du style ». Réaumur – Communication à l’Académie Royale des sciences « Sur les coquilles fossiles de quelques cantons de la Touraine » (1720).
« II a fallu qu’un potier de terre, qui ne savait ni latin, ni grec, osât, vers la fin du XVIe siècle, dire dans Paris, et à la face de tous les docteurs, que les coquilles fossiles étaient de véritables coquilles déposées autrefois par la mer dans les lieux où elles se trouvaient alors ; que des animaux avaient donné aux pierres figurées toutes leurs différentes figures, et qu’il défiât hardiment toute l’école d’Aristote d’attaquer ses preuves. » Fontenelle – Histoire de l’Académie royale des sciences (1720)
C’est surtout au titre de 2 écrits significatifs qu’il nous intéresse ici :
- « Recepte veritable, par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre a multiplier et augmenter leurs thresors » (1548). Grace à son observation de la nature, Bernard Palissy y expose que les ‘pierres figurées‘ qu’il récolte en Charentes, Ardennes et Champagne sont en fait des restes d’anciens organismes vivants. Extrait
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Dans son « Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, tant naturelles qu’artificielles, des métaux, des sels et salines, des pierres, des terres, du feu et des émaux » (1580) – Extrait -, Bernard Palissy expose, notamment dans le chapitre « des pierres », sa théorie sur la pétrification des ‘pierres figurées‘, c’est-à-dire des organismes marins encore présents dans la mer ou ayant disparu, offrant ainsi l’une des premières formulations de la notion d’extinction d’espèces. Il y réfute également le rôle du Déluge biblique dans la dispersion des fossiles marins loin de la mer, jusqu’en haut des montagnes. Les fossiles mentionnés par Bernard Palissy, dont il évoque la présence en Champagne, pourraient provenir du gisement de ‘Venteuil en Valois’ près de Damery (51) où l’on trouve « des buccines de diverses grandeurs bien souvent aussi longues que la jambe d’un homme », ce qui pourrait correspondre à l’évocation de Cerithium giganteum, Lmk 1804).
« Et quand est des pierres ou il y a plusieurs espèces de coquilles, ou bien qu’en une même pierre, il y en a grande quantité, d’un même genre, comme celle du faubourg saint Marceau les Paris*, elles là sont formées en la manière qui s’en suit, savoir est, qu’il y avait quelque grand réceptacle d’eau, auquel était un nombre infini de poissons armés de coquilles, faites en limace piramidale. » Des pierres p216
« Depuis auoir veu ladite montaigne i’ay treuué vne autre montaigne, pres la ville de Soissons, où il y a par milliers de diuerses especes de coquilles petrifiées, si près l’une de l’autre, que l’on ne saurait rompre le roc d’icelles montaignes en nul endroit, que l’on ne trouve quantité des dites coquilles, lesquelles nous rendent témoignages que elles ont généré sur le lieu et ont été pétrifiées en même temps que la terre et les eaux où elles habitaient furent aussi pétrifiées ». Bernard Palissy – Des pierres p217.
Pour connaître sa vie et sa pensée voir https://www.ouest-paleo.net/nos-articles/les-naturalistes-locaux/bernard-palissy/
*L’urbanisation de ce faubourg de Paris n’intervient que plus tard, malgré la présence de carrières de pierres à bâtir dans le secteur dès l’Antiquité. Ce sont avec ces pierres que sont faits les murs de Notre-Dame de Paris, l’église Saint-Germain des Prés ou de l’enclos des Templiers. À la fin du Moyen Âge, le bourg Saint-Marceau ou Saint-Marcel, non encore rattaché à Paris – il ne le sera qu’en 1724 – est appelé « Saint-Marcel-lez-Paris ».
L’inclusion de moulages de fossiles du Bassin Parisien dans des bassins type ‘rustiques figulines’ semblent néanmoins être l’œuvre d’ateliers postérieurs à Bernard Palissy. Les premières réalisations seraient datées de la fin du XVIe siècle.
Dans le plat conservé par le MET (photos ci-contre) des moulages de fossiles Lutétien et Cuisien de l’Eocène du bassin parisien ont été intégrés au milieu de coquillages actuels. Ces moulages présentent des specimens tels que Ancilla, Athleta, Chama, Crommium, Haustator, Clavilithes, entre autres. Les historiens de l’art s’accordent désormais pour attribuer ce genre de production à des ateliers postérieurs à celui de Bernard Palissy.
Dans un article publié dans la revue Fossiles n°16 de la Revue française de Paléontologie, Michel Pacaud et Jacques Pons, qui ont étudié le positionnement des moulages de fossiles d’Athleta (Volutospina) spinosus (dernière photo ci-dessus) sur le plat détenu par le MET font apparaître les différentes figurations d’Athleta (Volutospina) spinosus (Linnaeus, 1758) depuis le XVIIe siècle, ainsi que les différentes dénominations associées à cette espèce :
1- Sur le plat, indiqués par des flèches, 4 moulages d’Athleta (Volutospina) spinosus
2– « Appendix ad historiae conchyliorume librum IV » (1692) Anna et Suzanna Lister, illustratrices anglaises des ouvrages de leur père Martin Lister. Le taxon est décrit comme « a sabuletis Parisiens » (extrait des sables de Paris).
3– « Catalogus Classicus & Topicus Omnium Rerum Figuratum in V. Decadibus » Planche LXXVIII par James Petiver (1711), pharmacien, botaniste et entomologiste anglais. Le taxon est décrit comme « une sorte de murex fossile » .
4– « Testarum conchyliorum » pl LV par Niccolo Gualtieri (1742), médecin et un malacologiste italien. Le taxon est décrit comme « un strombus » .
5– « L’histoire naturelle expliquée… » Planche Fossiles par Dezallier d’Argenville (1742). Le taxon est décrit comme « un rocher » .
6– « Recueil de monumens des catastrophes que le globe de terre a essuiées contenant des pétrifications » Pl 102-7 par Jean Ernest Emanuel Walch (1768), naturaliste allemand. Le taxon est décrit comme « Un Cono-trochite ; espèce de Buccinites » .
7– « Catalogue systématique et raisonné, ou description du magnifique Cabinet appartenant ci-devant à M. le comte de La Tour d’Auvergne » par Jacques de Favanne de Montcervelle (1784) qui a publié en 1780 « La Conchyologie » par Dezallier d’Argenville Vol 3, Planche Fossiles et décrit le taxon comme « Le Rocher à liserés couronné d’Epines parmi 38 coquilles fossiles de Courtagnon » .
8– « Vollständige Einleitung …Introduction complète à la connaissance et à l’histoire des pierres et des fossiles » par Johan Samuel Shröter (1784), naturaliste allemand. Le taxon est décrit comme « Strombus spinosus« , « un murex provenant de Cortagnon » .
9– « Neues systematisches Conchylien Cabinet » Johann Hieronymus Chemnitz (1795), conchyliologiste prussien. Le taxon est décrit comme « Strombus spinosus » .
10– Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature : mollusques et polypes divers » J.B. de Lamarck (1816). Le taxon est décrit comme « Voluta spinosa « .
*A noter que ce taxon est dénommé par Carl Linné dans « Systema naturae » en 1758 : Conus spinosus
Athleta (Volutospina) spinosus (Linnaeus, 1758) de Grignon dénommé « Le rocher à liserés couronné d’épines » par M. Favanne de Montcervelle (1784) – Photo Delphin Hugo
En effet chez certains exemplaires bien conservés, on peut observer le motif résiduel (restes de coloration) sous forme d’une vingtaine de bandes spirales de couleur ocre/orangées, voire cannelle (Francisco Davila 1767).
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Jan VAN GORP (GOROPIUS BECANUS)
Jan VAN GORP dit GOROPIUS BECANUS (1518-1572) médecin et humaniste néerlandais est l’auteur de « Origines Antwerpianae » (Les origines d’Anvers), paru en 1569, dans lequel il rapporte ses observations de fossiles faites sur le terrain au cours de ses différents voyages :
« La campagne suburbaine de Paris, exubérante de riches moissons en surface, est en large partie creuse en dessous, avec accès des véhicules : j’y ai trouvé beaucoup de tests de coquilles turbinées marines, contournés selon une disposition ordonnée d’une grande délicatesse et remarquables par leurs tubercules, parfaits à tous points de vue, rien ne leur manquant en somme en perfection, comparés aux piscicules vivants ». in « Jan VAN GORP (GOROPIUS BECANUS) » par François Ellenberger lors de la séance du 4 mars 1987 du COMITÉ FRANÇAIS D’HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE
Les fossiles du bassin parisien, deviennent progressivement des objets de curiosités – dont la provenance est, cependant, rarement indiquée – emplissant les cabinets des collectionneurs dès le XVIe siècle puis traités comme des objets scientifiques essentiellement à partir du XVIIIe siècle.
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Nicolas-Claude Fabri de Peiresc
Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637) scientifique provençal à la haute érudition, « grand seigneur de l’esprit », « antiquaire » et grand collectionneur, membre de l’Accademia dei Lincei, première académie scientifique en Europe – dont fait également partie Galilée – entretient une correspondance avec Jacques Vignier (1603-1669), Jésuite français qui lui adresse en 1635 le « Discours sur les coquilles de mer qu’on trouve en terre ferme particulièrement en Champagne », dans lequel il évoque la présence de fossiles marins dans la montagne de Reims en Champagne situés dans les environs de Nogent-Sermier, près d’un château nommé Le Causson* : « Des coquilles qui passent la longueur & la grosseur du bras d’un homme, faittes en pyramides, marquees & comme armees de pointes & de noeuds au dehors, lisses & polies, mais remplies de sable au dedans. » (Cerithium giganteum – Lmk 1804). Ce « Discours sur les coquilles… » renferme donc vraisemblablement la première description des fossiles de la région de Reims ; Bernard Palissy ayant seulement déjà mentionné l’existence de coquilles fossiles en Champagne. Pour découvrir les théories émises par Jacques Vignier, lire les 2 articles de Gaston Godard dans le cadre des travaux du Comité Français d’Histoire de la Géologie lors de la séance (avec des extraits du Discours…) du 9 juin 2004 et la communication écrite du 10 décembre 2014.
Au sein de l’Accademia dei Lincei, Pereisc correspond avec Fabio Colonna (1567-1640) qui, de nouveau, démontre avec autorité et rigueur dans son traité « De glossopetris dissertatio » (1616) que les glossopètres sont des dents de requin fossiles. Il apporte la preuve scientifique de cette origine organique en calcinant des glossopètres « qui partent d’abord en charbon, avant de partir en chaux et en cendre », comme toute substance osseuse et carnée, contrairement aux substances pierreuses. Peiresc adhère à cette théorie puisque dans une lettre à Holstenius (1637) il évoque « des dents […] de monstres marins comme ces glossopetrae ». Cette théorie tombera dans l’oubli et ne sera reprise par Niels Stensen qu’un demi-siècle plus tard.
*Le Causson est situé non loin du célèbre gisement de fossiles lutétiens « Courtagnon », dans la montagne de Reims, que Madame Marie-Catherine Lefranc (vers 1690-1778) avait collectionnés dans son cabinet de curiosités. Sa collection fut vendue à un négociant (M. Drouet) de Reims et plus tard B. Faujas de Saint-Fond en a acquis une partie. Ces fossiles sont l’objet d’études par Antoine-Joseph Dezallier D’argenville, naturaliste, conchyliologue, grand amateur de Cabinets de Curiosités, et Jean Etienne Guettard, grand naturaliste français du XVIIIè siècle et qui reconnaissent tous 2 l’origine organique et marine de ces coquilles.
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Martin Lister
Martin Lister (1638-1712) était un médecin et naturaliste anglais auteur de « Historiae conchyliorum » publié en 1685. cet ouvrage est composé de belles planches de coquilles et de fossiles, dépourvues de texte mais accompagnées de courtes légendes et parfois de l’indication du lieu de découverte, classées en fonction de leur apparence. Martin Lister ne croyait pas à l’origine organique des fossiles, mais plutôt à la théorie de la génération spontanée, selon laquelle ils se formaient in situ.
Dans son ouvrage « Appendix ad historiae conchyliorume librum IV » (1692) dont les dessins et plus de 1000 gravures sur cuivre ont été réalisés en famille avec ses filles Susanna et Anna Lister, la planche ci-dessus fait notamment apparaitre 3 fossiles du bassin parisien « a sabuletis Parisiens » (extrait des sables de Paris) ou « a sabuletis juxta Parisias » (extrait des sables des environs de Paris) » : 6- Eopsephaea muricina (Lamarck, 1802), 7- Athleta spinosus (Linnaeus, 1758), 8- Amalda olivula (Lamarck, 1803)
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Antoine de Jussieu (1686-1758)
« J’eus l’honneur il y a quelques années, de présenter à l’Académie des vrayes Madrépores encore adhérantes à leurs rochers que j’avais détachées de la terre à Chaumont près Gisors, plantes pierreuses qui viennent seulement dans le fond de la mer, et qui sont les marques les plus certaines que l’on puisse avoir que cet endroit de ce continent a été autrefois une partie du bassin de la Mer. J’ai vu encore dans les carrières de Grais (= grès) de Saint-Leu-Taverni (Val d’Oise) ouvrir des pierres de Grais dans lesquels les petites coquilles et les petits galets dont le bassin de presque toutes les mers est ordinairement rempli, s’y trouvent renfermés, et je remarquai que la superficie de ces lits de Grais est couverte d’un sable tout à fait semblable à celui du bord de la Mer. » Examen des causes des Impressions des Plantes marquées sur certaines Pierres des environs de Saint-Chaumont dans le Lyonnais. Par M. DE JUSSIEU. Histoire de l’Académie royale des sciences, ,
« Éloge de M. de Jussieu [Antoine] », par Jean-Paul Grandjean de Fouchy Histoire de l’Académie royale des sciences,
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René Antoine Ferchault de Réaumur
Réaumur (1683-1757) fait une communication à l’Académie des Sciences ‘Sur les coquilles fossiles de quelques cantons de la Touraine‘ relatée dans les Mémoires de l’Académie royale des sciences en 1720. Dans ce texte, il évoque les sites fossilifères d’Île-de-France, mettant en lumière l’intérêt et la diversité des découvertes paléontologiques dans cette région : « Je veux dire si nous voulions trouver d’où partait le courant, par qui nous avons fait assembler toutes nos Coquilles (en Touraine). Nous pourrions, par exemple, le faire venir de la Manche, même le faire partir d’entre Dieppe et Montreuil, et le conduire jusques vers les Côtes de La rochelle. Nous pourrions même tracer sa route, qui semblerait marquée par les amas considérables de Coquilles ou de Coquilles pétrifiées : nous l’amènerions à Chaumont, entre Gournay et Gisors, où nous trouvons une surprenante quantité de Coquilles pétrifiées. Nous ne craindrions pas de le faire passer par Paris, puisqu’on tire de toutes les carrières qui l’environnent une grande quantité de Coquilles pétrifiées de toutes espèces. Les carrières d’Issy en fournissent des plus singulières ; c’est surtout aux carrières du Faubourg Saint Marceau que Palissy en avait ramassé. J’en ai tiré beaucoup des environs de Saint Maur et de Charenton… »
« Les observations que M. de Jussieu a faites à Chaumont près Gisors nous aurait seules donné de quoi y suffire sans parler de celles qu’il a faites en bien d’autres endroits » id page 401
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Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville
Antoine Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765) était un naturaliste, collaborateur de l’Encyclopédie, grand amateur de Cabinets de Curiosités, grand voyageur et correspondant de nombreux savants et ‘curieux’ d’Europe.
Dans « l’histoire naturelle éclaircie dans les deux de ses parties principales, la Lithologie et la Conchyliologie » (1742), il publie une planche de fossiles univalves (Pl 33), avec, pour une des toutes premières fois, l’indication de la localité de provenance de certains fossiles. Beaucoup proviennent de Comtagnion (localité qui sera corrigée en Courtagnon dans les éditions suivantes) en Champagne ; ainsi les 4 coquilles n°10 (ci-dessous) décrites ainsi : « Quatre rochers, nommés Muricites, sont représentés dans la dixième figure, très bien conservés et d’une espèce assez rare. Le premier à ailes, le second canelé, les deux derniers dont l’un a un bec recourbé (Athleta spinosus, NDLR), l’autre des pointes dans toute son étendue, viennent de Comtagnion. «
Dans ce même ouvrage on trouve : « Il y a cinq ou six lieuës de terrain tout couvert de Coquillages étrangers ou inconnus aux portes de la Ville de Seez en Normandie, à plus de vingt lieuës de la mer. On trouve encore fur une montagne près la ville de Caën des nautilles, des Cornes d’Ammon, & des Priapolites. Chaumont dans le Vexin François, est un des endroits des plus abondans en toutes fortes de Foffiles.
On ne finiroit jamais si l’on vouloit raporter ici tous les endroits de la France, où l’on trouve des Fossiles. Les environs de Chantilly de Breuilpont, de Soissons, les Carriéres de faint Leu, celles d’Arcuëil, de saint Maur & d’Issy aux environs de Paris, à plus de quarante-cinq lieuës de la mer, ont successivement des lits de Coquilles, des lits de Sable, de Marne & de Pierre toutes ces couches font horizontales, & les Carriers apellent Coquillart, celle où font les Coquilles.
Dans les lits même où se forment les Pierres de taille, il y a des Coquilles de mer enclavées dans la pierre même où elles ont moulé leur figure, les plus ordinaires font des Buccins, des Peignes, des Vis & des Coeurs de boeuf; quand la Coquille, souvent périe par fa délicatesse ne s’y trouve plus, elle laisse son moule intérieur ou son noiau, & Ion peut aisément remarquer le vuide que remplissoit la Coquille, entre la terre & le moule ou noiau intérieur. «
Dans « enumerationis fossilium quae in omnibus Galliae provincis reperientur, tentamina » (1751), un catalogue de tous les sites fossilifères de France et de leur contenu, Dezallier d’Argenville évoque des endroits tels que Grignon, Chaumont, Cernay, Reims, Courtagnon, entre autres. De même, dans son livre L’Oryctologie paru en français en 1755, il détaille tous les sites fossilifères de France notamment ceux de Normandie d’Île-de-France et de Champagne :
« Près le jardin des Plantes , ſur le grand chemin qui va à Caen , ſont ſituées les carrières de Ranville , toutes remplies de coquillages foſſiles , principalement de Nautilcs tres bien conservés , dont on voit les cloiſons criſtalliſées , avec le petit tuyau qui les traverſe. Ils paroiſſent , tant dans les ſouilles que l’on y fait , qu’après les grandes pluies. On y trouve auſſi des gazons de limon remplis de foſſiles, des Géodes pleins de marne , beaucoup de Poulettes , des Cornes d’Ammon , des Sabots , des Buccins 8c autres coquillages de même nature. »
« Les environs de Paris sont remplis de coquillages foſiles et cette grande ville en renferme même dans ſon enceinte »
« Les environs de Verſailles offrent aux Curieux un bois pétrifié, où d’aſſez gros buccins ſe ſont incruſtés ; la terre de Grignon près de la même ville, a des ſablonnieres en maſſe & fort élevées, toutes remplies de foſſiles de différens genres, ils ſont petits & tout blancs. On y trouve principalement des rochers, des buccins, des vis, des cames, des limaçons à bouche applatie, tels que l’éperon, des tellines, des tonnes, comme la harpe, la porcelaine, le bonnet chinois ou cabuchon, des poulettes & des boucardes. »
Et s’en suit la liste d’une quarantaine de sites fossilifères en région parisienne.
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Jacques-Tranquillain Féret
La falunière de Grignon est mondialement connue depuis le milieu du XVIIIème siècle. Jacques-Tranquillain Féret (?1698-1759), apothicaire établi à Dieppe et naturaliste passionné de fossiles marins possédait un célèbre Cabinet de Curiosités comprenant, entre autres, ses récoltes de fossiles dans le Lutétien du bassin parisien notamment à Chaumont-en-Vexin, à Grignon. Il était souvent accompagné dans ses expéditions par des personnalités telles que Bernard de Jussieu, botaniste, et Guillaume-François Rouelle, apothicaire chimiste, ainsi que d’autres passionnés de passage. Il adresse le 5 mars 1753 une lettre à Louis-Élisabeth de la Vergne, comte de Tressan ( :
Je ne vous ai point envoyé des fossiles de Courtagnon, de Villarseau, de la Garenne des Boves, de Chaumont, de Magny et de Grignon qui sont à peu près les mêmes que ceux de Champagne ; les ayant examinés sur les lieux au mois de septembre, accompagné de M. Bernard de Jussieu et Rouelle qui m'avaient assigné rendez-vous à Magny, où je me trouvai très exactement pendant le mois de juillet dernier que j'ai passé à Paris, j'ai (?) à Grignon - 2 lieux au-delà de Versailles - pour y examiner les fossiles qui s'y trouvent en grand nombre…L'on m'a envoie aussi de ceux de Beauvaisis (de la montagne de st Félix, Ndlr) que j'ai trouvé semblables aux précédents. De là, je conclus par la comparaison des fossiles de tous ces différents lieux, qu'ils sont et composent le même banc à la vérité interrompu dans plusieurs parties mais de plus de 40 lieues en quarré. Voilà donc une découverte nouvelle qui l'emporte de beaucoup sur le banc de la Touraine que M. de Buffond (reprenant Réaumur et Fontenelle) dit avoir 9 lieues en quarré."
Fac-similé de la lettre au comte de Tressan.
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Car von Linnaeus
Carl von Linneaus, Linné ( –) naturaliste suédois généralise le système de nomenclature binominale qu’il adoptera pour classer les plantes et les animaux in Systema Naturæ, édition 10 (1758).
« La méthode, âme de la science, désigne à première vue n’importe quel corps de la nature, de telle sorte que ce corps énonce le nom qui lui est propre, et que ce nom rappelle toutes les connaissances qui ont pu être acquises, au cours du temps, sur le corps ainsi nommé ; si bien que, dans l’extrême confusion apparente des choses, se découvre l’ordre souverain de la nature. » Systema Naturae (1766-1767).
En 1771, dans « Mantissa Plantarum altera generum editionis VI et specierum editionis II » il décrit et nomme Cardium lithocardium, bivalve à l’état fossile (inter petrificata) qui n’est abondant que dans les environs de Grignon. Le spécimen décrit provient-il de Grignon ?
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J.E Guettard
J.E Guettard (, savant naturaliste, botaniste, géologue, minéralogiste français écrit dans son « Mémoire sur les poudingues » (1753) :
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- « Entre Chamarante (=Chamarande 91) & Estrechy (=Etrechy 91) l’on trouve à la surface de la terre de ces gros cames connus par leur épaisseur, mêlés avec quelques autres coquilles bivalves : on les revoit devant le Grand-Jeurre pour peu qu’on y fouille, les labours même suffisent pour faire paroître ces coquilles ; mais lorsqu’on pénètre à dix ou douze pieds en terre, on découvre un banc considérable de coquilles de différentes espèces, qui fait plusieurs sinuosités. Vis-à-vis le Petit-Jeurre, des fouilles très légères ou de seuls labours mettent au jour des huîtres : entre ces deux maisons, la coupe d’un trou fait pour avoir du sable montre à peu de profondeur un lit de cailloux roulés, parmi lesquels il y a des dents de requin & des os assez gros qu’on voit aussi dans les fouilles profondes, lorsqu’on en fait au Grand-Jeurre. Dans le bassin de Brières-les-Scellés, près Saint-Lazare, l’on rencontre quelquefois des échinites environ à moitié chemin de ce dernier endroit à Morigny, les bivalves du Grand-Jeurre reparoissent, & on les trouve de nouveau vis-à-vis le couvent des Capucins qui est à la porte d’Etampes. » Photo carte géol Etampes avec Lavoisier
En 1759 dans son mémoire « Sur les accidents des Coquilles fossiles, comparés à ceux qui arrivent aux Coquilles qu’on trouve maintenant dans la Mer » remis à l’Académie des Sciences il signale en note (a) page 47 :
Depuis la compoſition de ce Mémoire, j'ai vu une fripière [Xenophora] qui étoit dans ce cas : elle étoit chargée de morceaux fruſtes [frustes] de différentes cames, & de buccins qui avoient été considérables par la grandeur : j'en ai vu une autre où les coquilles étoient mêlées avec des cailloux. Puis page 49 : On trouve de ces coquilles nues où chargées de corps étrangers à Courtagnon, à Grignon & à Chaumont en Vexin…
"Les coquilles fossiles n'ont pas été moins recherchées par les naturalistes ; les moyens qu'elles semblent donner pour éclaircir l'explication de la formation de la terre les ont fait rechercher avec soin et empressement. Il y a bien près de deux siècles que Palissy nous a fait connaitre plusieurs espèces de ces fossiles. L'auteur (Dezallier d'Argenville) de l'énumération des fossiles de la France en a indiqué plusieurs autres". Description minéralogique des environs de Paris (1756).
De fait dans sa carte minéralogique de la Champagne parue en 1780, Guettard y positionne un nombre important de gisements fossilifères.
Pour conclure sur l’apport de Guettard à la science, laissons la parole à Condorcet qui rédige son éloge en 1786 :
« Un jour sans doute, de telles cartes seront exécutées pour toutes les parties du globe, et c’est alors seulement qu’on pourra déterminer les lois générales que la Nature a suivies dans la distribution des substances minérales. Pour remonter ensuite de ces lois à la connaissance des causes de cette distribution, et donner une théorie de la Terre, il restera encore un pas immense à franchir ; mais pour le franchir avec succès, […] il faut pouvoir s’aider de ces matériaux épars, de ces résultats minutieux d’une recherche pénible que M. Guettard s’occupait à rassembler : et il a plus fait pour avancer la véritable théorie de la Terre sur laquelle il n’a jamais osé se permettre une seule conjecture, que les philosophes qui ont fatigué leur génie à imaginer ces brillantes hypothèses, fantômes d’un moment, que le jour de la vérité fait bientôt rentrer dans un néant éternel.» Condorcet "Éloge de Jean-Étienne Guettard" - Histoire de l'Académie royale des sciences (Année 1786)
Carl von Linné (1707-1778) lui a dédié, en botanique, le genre Guettarda de la famille des Rubiaceae.
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Antoine Romain Coquebert de Montbret
Antoine Romain Coquebert de Montbret (militaire français qui s’est distingué par ses connaissances en sciences naturelles, a rédigé en 1791 un manuscrit « Observations sur quelques coquilles du genre des strombes fissurelles, Strombus fissurella, de Linné, 1791 » :
Etant allé peu après à Grignon où l’on trouve en abondance le Strombus fissurella, je ne tardai pas a me confirmer dans l’opinion que j’avois déjà que cette coquille est la même qu’une autre espèce de Strombus que j’y avois déjà ramassé et qui est dénué de la goutière longitudinale qui a servi à différencier celle-là des autres espèces du même genre....Elle habite les mers de l’Inde et se trouve fossile dans un grand nombre d’endroits nommément à Courtagnon, Grignon, Gisors et St. Germain en Laye.
cité par Jean-Michel PACAUD dans un article « Sur un manuscrit inédit d’Antoine Romain Coquebert de Montbret (1791) Observations sur quelques coquilles » paru dans le bulletin de l’AGBP en 2014.
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J.B. Lamarck
En 1801, J.B. Lamarck dans son ouvrage « Système des animaux sans vertèbres » évoque les coquilles de Grignon :
En France, les coquilles fossiles de Courtagnon près de Reims, de Grignon près Versailles, de la ci-devant Touraine, &c. sont presque toutes encore dans cet état calcaire, avec la privation plus ou moins complète de leur partie animale, c'est-à-dire de leur luisant, leurs couleurs propres et leur nacre.
Et en 1802 J.B. Lamarck écrit dans « Mémoire sur les fossiles des environs de Paris » :
Dans le canton de Grignon, petite commune à environ sept lieues (près de trois myriamètres) de Paris, du côté de Versailles, le citoyen Defrance*, amateur éclairé de cette partie de la nature, et infatigable dans la recherche de ses productions, a recueilli au moins cinq cents espèces de coquilles fossiles, dont plus des trois quarts n'ont encore été décrites dans aucun ouvrage d'histoire naturelle. Les professeurs du Muséum voulant favoriser le zèle du citoyen Defrance, et contribuer à fixer la connoissance de tant d'objets intéressans en attendant qu'une description suffisante en soit donnée au public, ont consenti à faire peindre dans la collection précieuse des vélins du Muséum toutes les espèces de coquillages fossiles recueillis à Grignon. Cette belle entreprise, exécutée avec les plus grands soins par deux artistes très distingués, les citoyens Maréchal et Oudinot, est maintenant fort avancée.
*Il s’agit du naturaliste Jacques Louis Marin Defrance [1758-1850] dont plus de 300 spécimens de sa collection de fossiles de Grignon sont représentés sur les 52 Vélins (voir Vélin n°2) que fit réaliser Lamarck. Ces vélins ont servi d’illustrations originales à son « Mémoire sur les fossiles des environs de Paris » publié en 1802 ainsi que dans le “Recueil de planches des Coquilles fossiles des environs de Paris” publié en 1823. Defrance, ayant résidé dans les environs de Grignon, a contribué de manière significative à la documentation et à l’étude des fossiles de ce site.
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J.M.Coupé
En 1805, J.M. Coupé (1737-1809) a publié un article « Sur les sols des environs de Paris » paru dans le « Journal de physique, de chimie, d’histoire naturelle et des arts » :
« Grignon est situé sur un ruisseau [Ru de Gally, ndlr] qui vient du parc de Versailles et va se jeter dans la Seine entre Mante et Meulan. Pendant la longueur des siècles les eaux, dont ce ruisseau est le passage, ont excavé ce canal jusqu’à la craie. A une lieue au midi, un autre ruisseau [Ru Maldroit, ndlr], coulant parallèlement vers la même embouchure, a excavé de même, et a mis aussi la craie marine à découvert. Il est resté en éminence entre eux une langue, un dos alongé et isolé de la déposition du pilé marin. C’est dans sa région inférieure que se trouve le célèbre dépôt des coquillages de Grignon. C’est un massif de débris coquilliers versé confusément, solidaire, sans lits et simplement tassé. Ce pilé est blanc, net et parfaitement lavé ; des coquillages de toute espèce également blancs et purs y sont entremêlés en désordre, et dans tous les sens. Tous sont parfaitement conservés dans leur substance « .
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Barthélemy Faujas de Saint Fond
En 1809 Barthélemy Faujas de Saint Fond (1741-1819, premier titulaire de la chaire de géologie du MNHN (et éditeur en 1777 des œuvres complètes de Bernard Palissy), dans son ‘Essai de Géologie‘ décrit les fossiles « en fig. 2 et 3 Murex tripteris, Linn. Fossile de Grignon, de la plus parfaite conservation, malgré la délicatesse et la fragilité des ailes et des appendices placés vers la bouche gravée sur ses deux faces et de grandeur naturelle. L’analogue est dans l’Océan atlantique et dans les mers de l’Inde. Cette coquille est chère lorsqu’elle est d’une belle conservation. »
JD déc. 2023
Bibliographie :
Michel Pacaud et Jacques Pons « Contribution des motifs résiduels de couleur dans la discrimination des espèces d’Athletinae de l’Eocène du BP » in Fossiles n°16, Revue française de Paléontologie (2011).
François Ellenberger « Histoire de la géologie » (1988).
Duhem « Le système du monde » (1913).