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L’homme mexica et le coquillage

 

Titanostrombus galeatus - Photographie d'une peinture sur une façade à San-Diego -California en Mai 2017 - © httpsmexican-fauna.org-

Titanostrombus galeatus – Photographie d’une peinture sur une façade à San-Diego -California en Mai 2017 – © httpsmexican-fauna.org-

Le 8 septembre dernier marquait la clôture de la magnifique exposition « Mexica », organisée par le Musée du Quai Branly à Paris. Les Mexicas, souvent appelés à tort Aztèques, étaient les derniers dirigeants du Mexique précolombien. Ils ont subi l’arrivée de Hernan Cortes et de ses soudards espagnols, qui ont rapidement renversé cet état puissant et pillé ses trésors.

Présentant les objets découverts lors des fouilles du Templo Mayor, l’exposition rendait un hommage fascinant à cette riche culture, bien que ses mœurs puissent sembler choquantes et cruelles. Leur pratique des sacrifices humains n’était pas une légende.

Les premières salles étaient consacrées à diverses sculptures, représentant des dieux grimaçants et des animaux bondissants. Ce que l’on attend d’une culture précolombienne, mais toujours impressionnant.

La troisième salle, également dédiée à la sculpture mexica, m’a réservé une surprise de taille : un énorme coquillage marin sculpté dans un bloc de basalte ! Quand je dis énorme, je veux dire vraiment énorme, sa longueur devant avoisiner le mètre.

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Les campaniles géants et les rondouillardes Gisortia de notre Lutétien peuvent aller se rhabiller. En tournant autour, j’étais fasciné par la bête. J’ai essayé d’imaginer son poids. La science nous dit que la masse volumique du basalte est de l’ordre de 2,70 g/cm³. Dit comme ça, cela paraît modeste. Si l’on envisage ce mastodonte sous la forme d’un cylindre de 1 m de long par 70 cm de diamètre, on obtient un volume de 385 000 cm³, soit… 1 tonne !

Il représente un Strombidae sans aucun doute. Même s’il est très stylisé, il est probable que ce soit un Titanostrombus galeatus (Swainson, 1823), susceptible d’être pêché sur la côte est du Mexique. Les lignes de dos notamment sont particulières et très peu d’espèces présentent une telle régularité. 

Le sculpteur a cependant commis un certain nombre d’erreurs comme la lèvre beaucoup moins linéaire. Le canal est aussi beaucoup trop symétrique. Il est probable que l’artisan n’avait pas le modèle sous les yeux et qu’il a sans doute travaillé de mémoire pour immortaliser ce coquillage.

Le cartel nous donne peu d’informations à son sujet : « Sculpture en forme d’escargot » [sic, les archéologues ne sont pas des naturalistes !], si ce n’est qu’elle a été retrouvée à Mexico, lors des fouilles des vestiges du Templo Mayor, et qu’elle est datée entre 1325 et 1521. D’autres cartels nous apprennent que le coquillage représente l’inframonde dans l’iconographie mexica, le monde souterrain, sombre, humide et mystérieux.

Plus loin, une salle est consacrée aux dépôts votifs, aux offrandes placées à des endroits précis des constructions pour s’attirer les bonnes grâces des divinités les plus capricieuses. Là encore, les coquillages marins sont très présents, bien que sous la forme plus modeste de coquilles réelles.

Une coquille de Chama equinata, peu spectaculaire, posée à côté d’un élégant bol tripode en terre cuite, protégeait une canalisation d’eau.

 

 

Provenant des fondations d’un autre bâtiment, une autre vitrine expose quatre beaux gastéropodes marins. Le cartel indique « escargot » et « bigorneaux ». Là, on frôle le ridicule, heureusement des noms d’espèces sont proposés en petit. Les coquilles sont cette fois accompagnées de deux oursins et d’un fragment de corail. On sent bien que l’importance de la construction n’était pas la même !

D’autres vitrines présentent des dépôts similaires, exposant d’autres gastéropodes marins, accompagnés des restes d’autres organismes, boules de corail, carapaces de crustacés. Parfois, des coquillages en terre cuite sont adjoints aux coquilles réelles.

Rappelons ici que Mexico City est située à au moins 300 km à vol d’oiseau de la mer la plus proche, et à 2 200 m d’altitude. La présence de ces coquillages marins, aussi loin des côtes, utilisés dans l’iconographie et la religion mexica, n’est pas anodine. Elle illustre encore une fois notre fascination transculturelle pour ces merveilles de la nature.

Merci à Bernard Pattedoie pour l’analyse du Strombidae sculpté.

Xavier, pdt du club – juin 2025 

Eastern Pacific Giant Conch Shell

 

Les perles : de la nature à la culture

Huître Pinctada maxima avec la perle à l’intérieur – USS Bowfin Submarine Museum and Park à Pearl Harbor, Oahu, Hawaii – © Fammartin

"Kino introduisit adroitement sa lame entre les valves. Sous la poussée il sentit le muscle résister. Jouant de sa lame comme d'un levier, il le fit céder et le coquillage s'ouvrit. Les lèvres de la chair se crispèrent puis se détendirent. Kino souleva les replis et la perle était là, la grosse perle, parfaite comme une lune. Elle accrochait la lumière, la purifiait et la renvoyait dans une incandescence argentée. Elle était aussi grosse qu'un œuf de mouette. C'était la plus grosse perle du monde". John Steinbeck - La perle (1947). Trad Renée Vavasseur et Marcel Duhamel 

 

Discrète ou éclatante, la perle fascine depuis la Préhistoire. Produite par certains mollusques bivalves, elle naît d’un phénomène biologique complexe et rare. Ce texte, inspiré par l’exposition actuellement présentée à Paris, Paris, capitale de la perle, explore sa formation, ses usages anciens et la place qu’elle occupe dans l’imaginaire des civilisations.

«— Monsieur, qu’est-ce que c’est qu’une perle ?

Mon brave Ned, répondis je, pour le poète, la perle est une larme de la mer ; pour les Orientaux, c’est une goutte de rosée solidifiée ; pour les dames, c’est un bijou de forme oblongue, d’un éclat hyalin, d’une matière nacrée, qu’elles portent au doigt, au cou ou à l’oreille ; pour le chimiste, c’est un mélange de phosphate et de carbonate de chaux avec un peu de gélatine, et enfin, pour les naturalistes, c’est une simple sécrétion maladive de l’organe qui produit la nacre chez certains bivalves. » Jules Verne – 20000 lieux sous les mers (1870).

Les perles dites ’fines’ sont produites par des mollusques bivalves essentiellement de l’ordre des Ostreida, famille des Pteriidae, genre Pteria ou Pinctada qui sont abondants dans les mers tropicales.

Seules une douzaine d’espèces de ces 2 genres sont capables de produire de véritables gemmes. Leur coquille est tapissée de nacre argentée, ce qui les distingue des autres Pteriidae.

La formation des perles repose sur le même processus de biominéralisation que celui qui façonne la couche nacrée de la coquille de l’huître perlière. Commençons donc par en décrire le principe.

                            Sommaire

** 1 La structure de la coquille des bivalves ** 2 La perle ** 3 Les plus anciennes perles connues ** 4 La perle dans la Chine ancienne ** 5 La perle dans la tradition Hindoue ** 6 La perle dans les religions monothéistes ** 7 La perle dans l'Antiquité grecque et romaine ** 8 La pêche aux perles ** 9 La perle du moyen âge à l'époque moderne

 JD Mai 2025                                                                                                               

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Un déménagement… cosmique

Le déménagement de l’atelier a fait l’effet d’un véritable big bang : nous passons d’un local de 35 m² à un espace plus modeste de 26,5 m². Un tri rigoureux s’est imposé. Parmi les objets à réévaluer, un tableau carré de 1,4 mètre de côté a suscité bien des hésitations. Fallait-il vraiment le conserver, au vu de sa taille et du manque de place ? Après réflexion, il est apparu évident que cette œuvre faisait partie de l’histoire du Club. Résolution fut donc prise de prendre un chausse-pied et d’accrocher le tableau, coûte que coûte, sur le seul pan de mur disponible dans le nouveau local.

Tableau de Marc Eperino représentant le big bang et l'expansion de l'univers

Ce fut l’occasion de raviver les souvenirs autour de ce tableau. Il a fallu faire appel à la mémoire de deux anciens adhérents du Club, Georges V. et Jean-Claude L. Ce tableau a été réalisé pour illustrer l’exposition Les minéraux : du Big Bang au cristal, organisée en 1990 par le Club à la Commanderie des Templiers de la Villedieu à Élancourt (78).

Peint cette même année par Marc Eperino, peintre amateur, il était une commande de Claude Grassi, alors secrétaire du Club, qui avait sollicité son ami Marc pour donner forme à cette vision cosmique. Claude Grassi est, par ailleurs, l’auteur du courrier qui permit d’obtenir, le 24 mars 1988, l’autorisation officielle d’accéder à la falunière de Grignon – interdite depuis l’accident mortel de 1976 (voir les débuts du club dans la falunière).

Le tableau représente le Big Bang – thème central de l’exposition – et l’expansion de l’univers. Il demeure aujourd’hui un témoignage de l’histoire du Club, à la fois œuvre d’art et fragment de mémoire.

 
 

Visite de la typothèque des invertébrés au MNHN

« La collection des invertébrés fossiles du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris est une des plus riches au monde avec environ 7 à 10 millions de spécimens. La collection d’Orbigny est la collection fondatrice. Elle s’est enrichie au cours de la seconde moitié du XIXe siècle par l’agrégation d’autres collections d’illustres naturalistes comme celles de Faujas de Saint-Fond, Lamarck, Brongniart, Milne Edwards, Michelin ou Cossmann pour ne citer que les plus célèbres. Pratiquement tous les groupes taxinomiques non vertébrés sont représentés et proviennent de diverses parties du monde, principalement d’Europe et des anciennes colonies (Afrique, Madagascar…). Devant cet ensemble monumental de matériel historique, a germé l’idée d’extraire les types des espèces décrites par les auteurs pour les placer dans un lieu dédié : la typothèque. C’est Jean-Claude Fischer qui, dans les années 80, a été à l’initiative de cette typothèque. Son intérêt tient au fait que les types sont bien repérés car ils ne sont plus disséminés dans la masse de la collection générale. De ce fait, ils sont plus facilement valorisables. Contenant peu de spécimens au début des années 2000, elle a pris un essor considérable grâce à un poste de technicien à plein temps spécialement dédié à sa gestion. Il a alors été possible d’extraire les types, mais aussi les figurés, au sein de la collection générale et de les replacer au sein de la typothèque. Actuellement et après un travail long d’une vingtaine d’années pendant lesquelles extractions et nouvelles acquisitions sont venues accroître son importance, elle compte environ 40 000 types et figurés. Le statut exact de chaque type (ex : holotype, syntype, paratype…) y est bien identifié et l’ensemble du matériel est informatisé sur une base de données. Récemment une nouvelle phase de valorisation s’est ajoutée avec la numérisation des types. Ainsi, les données de la typothèque sont accessibles en ligne sur le site WEB du Muséum. Un accès virtuel pouvant remplacer une visite difficilement réalisable est donc possible pour les chercheurs du monde entier. » Didier Merle, Jean-Michel Pacaud, Sylvain Charbonnier. La typothèque des invertébrés fossiles du Muséum (MNHN).

Pour en savoir plus sur l’organisation et la gestion de cette typothèque, lire l’extrait du site internet du Museum qui lui est consacré.

Quelques photos de la visite organisée Jeudi 20 mars par Daniel L., à laquelle ont participé une dizaine de personnes de l’équipe de Grignon.

JD Mai 2025

Le Club à Saint-Germain de la Grange (77)

Archéologie en terre connue

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Le Club a tenu plusieurs ateliers paléontologiques lors de cet événement organisé par l’association La Grange animée le 15 mars 2025 à Saint-Germain de la Grange (Yvelines). Ils n’ont pas désempli, attirant jeunes et moins jeunes, simples curieux mais aussi de plus professionnels, l’occasion de semer la graine d’une future passion chez certains, d’attirer de nouveaux membres, et de nouer des contacts enrichissants.
Des jeux pour les plus jeunes, le Paléontologue Maboule ou le Memory des Fossiles, des ateliers « binoculaire » pour découvrir les merveilles du monde microscopique, des ateliers plus studieux, comme le tri de sédiment ou l’identification des espèces, il y en avait pour tout les âges et tous les goûts.
Un grand merci à La Grange Animée pour cette invitation et l’organisation !

Xavier, Pdt du Club

 

 

Plus de photos sur la page Facebook de La Grange animée

Compte rendu (réservé aux adhérents) de cette journée par Vincent ici

Le passé de Grignon….

 

Photos Rémi Coutin
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Fossiles de Grignon – Jacques le Renard d’après diapositives réalisées par Remi COUTIN en 1974

Je souhaite partager avec vous deux documents essentiels :

  1. « la mer de Grignon » – Conférence de Jacques Le Renard (1974).  L’intégralité de cette conférence, donnée le 8 mars 1974 lors d’une réunion de la Société Versaillaise des Sciences Naturelles et retranscrite dans son bulletin de mars 1974 est déjà, disponible sur le site du club, dans la rubrique « la falunière de Grignon« , avec l’aimable autorisation de l’auteur. Elle aborde divers aspects de la biostratigraphie et de la paléoécologie de la falunière : la faune rencontrée, les conditions de vie, les espèces perforantes, les prédateurs, les modes de vie et …même la beauté de certaines coquilles. Une nouvelle version remaniée en 2014, enrichie de 102 splendides photos de Remi Coutin est disponible sur le site de l’Association des Naturalistes des Yvelines.
  2.  » AgroParisTech, une longue histoire  » Récemment exhumé des archives numériques, ce document raconte l’histoire illustrée du domaine de Grignon et de l’école d’Agriculture. Il retrace le passé de ce site remarquable à travers une exposition organisée dans le château de Grignon lors des journées du patrimoine 2013 sous l’égide du Musée du Vivant et de l’Association Patrimoine AgroParisTech.

JD Mars 2025

Le Club à Saint-Germain de la Grange (77)

Archéologie en terre connue

Le Club Géologique Île-de-France animera plusieurs ateliers paléontologiques lors de la Grande Journée Archéologie & Paléontologie, organisée par l’association La Grange animée le 15 mars 2025 à Saint-Germain de la Grange (Yvelines).

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Vous y découvrirez l’archéologie et la paléontologie locales à travers expositions, ateliers interactifs et conférences.

Quelques informations pratiques :

Le lieu : Salle Jules Gohard, 4 Allée des Sabotiers, 78640 Saint-Germain de la Grange

  • Matin (9h30 – 11h30) – Sur inscription

Atelier : « Techniques de fouille et de datation » animé par Seine et Yvelines Archéologie et la Grange animée

Billetterie ouverte ! Réservez dès maintenant https://www.helloasso.com/…/evenem…/ateliers-archeologie

  • Après-midi (14h – 18h) – Entrée libre

Exposition exceptionnelle : collections du CRARM, de Seine et Yvelines Archéologie et du Club Géologique Île-de-France

Ateliers participatifs : fabrication de bijoux néolithiques, poterie, découverte des techniques de fouilles, tamisage et extraction

Démonstrations scientifiques : observation de fossiles et minéraux à la binoculaire

Espace enfants : conte immersif sur le Néolithique

Conférence : les fouilles menées en 2021

Buvette et livret jeu pour petits et grands

Pour plus d’informations, suivez les actualités ici : https://www.facebook.com/LaGrangeAnimee

Venez en famille, entre amis pour une plongée unique vers le passé de Saint-Germain de la Grange !

Amicalement,

Xavier, Pdt du Club Géologique Île-de-France

 

Décès d’Hervé Lapierre

Cher(e)s ami(e)s,

Je réfléchissais à une première communication à vous faire en tant que nouveau Président du Club, le conseil d’administration réuni à l’issue de notre dernière AG ayant bien voulu me faire cette confiance, en l’imaginant pleine de projets et d’enthousiasme.

Malheureusement, je vous écris pour vous faire part de ma tristesse d’apprendre le décès de notre cher ami, et membre du club pendant tant d’années, Hervé Lapierre, ce matin. C’est une perte autant amicale que scientifique. S’il laisse plusieurs travaux inachevés, au- delà du scientifique toujours enthousiaste et passionné qui ne venait͏‌ jamais au pigeonnier sans avoir une nouvelle découverte, ou une nouvelle idée, à partager avec nous, l’homme nous aura aussi marqué par son humilité, sa gentillesse, et son hospitalité si amicale. Secondé par sa femme qui partageait certainement ses valeurs, il nous avait notamment accueilli à son domicile aux temps pénibles du Covid, où le pigeonnier nous était fermé. 

Nous attendons des informations au sujet de ses funérailles et des possibilités d’y assister pour témoigner de nos pensées attristées à son souvenir et pour sa famille en deuil.

Prenez soin de vous !

Xavier Vrinat, Pdt du Club géologique IdF

Triste communication en effet Xavier !
Cela a été un privilège de connaître Hervé Lapierre, une personnalité lumineuse et bienveillante, généreux de son savoir et de son temps, qui nous a donné de si bons conseils…L’exemple parfait du savant éclairant…
Maya
 
 
Correspondant régulier et co-auteur d’articles avec Dirk Nolf, scientifique de renommée mondiale spécialisé dans l’étude des otolithes, Hervé était un infatigable tamiseur de sédiment. Passionné par la microfaune – otolithes, chitons, ostracodes, algues et bien d’autres – il sollicitait ses collègues pour qu’ils lui procurent du sédiment de tous les horizons pour ses recherches.
Sa curiosité scientifique et son intérêt pour le fonctionnement général du club étaient exemplaires. Dès mars 2012, à la naissance de notre site internet, il avait généreusement accepté d’y contribuer en rédigeant un article pédagogique sur les otolithes de Grignon.
Un ami et réfèrent scientifique reconnu nous quitte.
Jacques
 

La science (et l’Association) perdent un vrai chercheur, un homme sympathique, dévoué et modeste. Quel dommage que des personnes de cette valeur ne puissent vivre plusieurs vies. Meilleures pensées à sa famille et ses amis.

François

 

Les premières cartes géologiques du Bassin Parisien

Des cartes géographiques et minéralogiques aux cartes géologiques

Le Bassin Parisien est le plus grand des trois bassins sédimentaires français. Il couvre la majorité de la moitié Nord de la France avec une superficie de 110 000 km2 environ. Il est limité à l’ouest par le Massif Armoricain, au sud par le Massif Central, à l’est par les Vosges et au nord-est par les Ardennes. Il est ouvert au nord et au nord-est vers les bassins de Londres et de Belgique. Voir la Géomorphologie du BP.

Les premières cartes géologiques du Bassin parisien publiées à la fin du XVIIIᵉ siècle et au début XIXᵉ étaient des outils pionniers mais imparfaits, et elles reflétaient plus une synthèse visuelle simplifiée qu’une représentation fidèle et exhaustive des observations scientifiques, idées et analyses complexes présentées dans les mémoires ou notices explicatives qui les accompagnaient.

Ainsi des mémoires qui ont accompagnés chaque carte proposé par Jean-Etienne Guettard ou l’ « Essai sur la géographie minéralogique des environs de Paris, avec une carte géognostique et des coupes de terrain » qui accompagne « La Carte géognostique des environs de Paris » (1811) par Georges Cuvier et Alexandre Brongniart…

1. Les cartes géographiques du BP

« Carte particulière des Environs de Paris » 1768 – François de La Pointe, graveur

La « Carte particulière des Environs de Paris » est le fruit d’une initiative de Colbert qui, en 1668, chargea l’Académie Royale des Sciences de réaliser des cartes de France plus précises que celles existantes.
Cette carte est la première application réalisée à partir d’une triangulation en France. Les premiers essais sont réalisés en Île-de-France. Sous la direction de deux académiciens, de l’Académie Royale des Sciences, Gilles Personne de Roberval et Jean-Félix Picard, l’ingénieur David du Vivier dirige les relevés.
Cette carte est basée sur les travaux géodésiques de Jean Picard, qui avait effectué des relevés dès 1669 pour mesurer un arc de méridien terrestre entre Malvoisine (78) et Sourdon-Amiens (80).
Ces relevés furent ensuite élargis pour inclure la région parisienne, permettant ainsi la création de cette carte d’une précision inédite. La carte s’étend de Mantes à la Ferté-sous-Jouarre et de Pont-Sainte-Maxence à Milly, à l’échelle de 1/86 400, et mesure 180 x 126 cm.

La carte ne comporte pas de limites administratives et ne représente pas les voies de communication. Villes, bourgs et villages, rivières et forêts sont signalées ; le relief est esquissé.

Réalisée par l’Académie Royale des Sciences en 1674 et gravée sur cuivre par François de La Pointe en 1678, cette carte, publiée en neuf planches entre 1671 et 1678, marque une avancée significative dans la cartographie française.
Préfigurant la célèbre carte du royaume de France élaborée par les quatre générations de la famille Cassini, cette oeuvre achevée en 1784, s’inscrit dans un contexte où Louis XIV attira en France Jean-Dominique Cassini, un astronome d’origine italienne, en 1671. La collaboration de Cassini avec l’Académie Royale renforça les fondements de la cartographie moderne.

 

 

2. Les cartes minéralogiques du BP

De même que certaines périodes de l’histoire de la Terre, telles que le Carbonifère et le Crétacé, ont été nommées en référence à des formations géologiques caractéristiques associées à des ressources naturelles exploitées par l’Homme (vastes dépôts de charbon pour le Carbonifère, dépôts de craie pour le Crétacé), la première carte géologique éditée en France fut en réalité une « carte minéralogique ». Conçue dans une logique d’exploitation des ressources naturelles, elle avait pour objectif principal de dresser un inventaire des réserves minières et coquillières du pays.

Sous l’impulsion de Jean-Étienne Guettard (1715-1786), naturaliste natif d’Étampes et assistant de Réaumur dès 1741, la cartographie géologique moderne prend naissance. Réaumur, fervent partisan d’une démarche empirique et d’enquêtes de terrain, convaincu que la science doit être utile à l’État et à la société, initie Guettard à l’étude du monde minéral et lui ouvre les portes de son vaste cabinet d’histoire naturelle. Ce cadre stimulant permet à Guettard de développer un travail novateur qui culmine, en 1746, avec la publication du « Mémoire et carte minéralogique où l’on voit la nature et la situation des terreins qui traversent la France et l’Angleterre ». La carte associée, œuvre pionnière pour son époque, est souvent considérée comme la première carte géologique jamais publiée et marque un jalon dans l’histoire des sciences.

Dès la fin du XVIIe siècle, quelques auteurs désireux d’établir un inventaire des gisements de roches, minerais et minéraux exploités (mines et carrières) proposaient de compléter les listes de localités par une localisation sur une carte.

Pour réaliser ce travail, Guettard a pu s’inspirer du projet de Martin Lister (1638-1712), qui exposa en Mars 1683 à la Royal Society de Londres l’idée d’une carte minéralogique de l’Angleterre qu’il désignait par l’expression de « Soil or Mineral Map » (carte du sol ou des minéraux). Ce projet intitulé « An ingenious proposal for a new sort of maps of countrys, together with tables of sand and clays » n’a pas abouti.
« Pour juger de la composition de la Terre et de beaucoup de phénomènes qui y appartiennent […] Il était conseillé, à cet effet, de concevoir une ‘carte du sol ou des minéraux’, comme je l’appelle. » Martin Lister

John Aubrey (1626-1697), reprit l’idée de Martin Lister en 1691. Dans son ouvrage « Natural History of Wiltshire », il formula le projet d’une carte de l’Angleterre sur laquelle les couleurs employées rappelleraient celles qu’on trouve sur Terre et qui serait pourvue de symboles (« markes ») désignant les fossiles et les minéraux.
« J’ai souvent souhaité une carte de l’Angleterre colorée selon les couleurs de la terre ; avec des marques des fossiles et des minéraux. [Les cartes géologiques, indiquant par différentes couleurs les formations de diverses localités, sont maintenant familières à l’étudiant scientifique.] » Ce projet n’a pas abouti.

La cartographie ‘minéralogique’ était cependant dans l’air du temps :
Le Révérend Père Lubin (1624-1695) augustin et géographe du roi, auteur d’un « Guide du Curieux des Cartes Geographiques » (1678) écrivait :
« Je m’étonne de ce que cette même paffion n’a point encore fait naî tre la penſée de dreffer des Cartes fingulieres, où toutes les Mines, tant des metaux que des mineraux feroient marquées avec un mot ou une note, qui feroit connoître de quel metal ou de quel mineral eft la mine ; ces Cartes feroient prodigieufement utiles. »

M. de Fontenelle (1657-1757), secrétaire de l’Académie Royale des Sciences termine son compte rendu de la communication de M. de Réaumur sur les fossiles de Touraine (1720) par ses mots :
« Monsieur de Réaumur imagine comment le Golfe de Touraine tenait à l’Océan et quel était le Courant qui y charriait les Coquilles, mais ce n’est qu’une simple conjecture donnée pour tenir lieu de véritable fait inconnu, qui sera toujours quelque chose d’approchant. Pour parler sûrement sur cette affaire, il faudrait avoir des espèces de Cartes Géographiques dressées selon toutes les Minières de Coquillages enfouies en terre. Quelle quantité d’observations ne faudrait-il pas et quel temps pour les avoir ! Qui sait cependant si les Sciences n’iront pas un jour jusque-là, du moins en partie !« 

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