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Visite de la typothèque des invertébrés au MNHN

« La collection des invertébrés fossiles du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris est une des plus riches au monde avec environ 7 à 10 millions de spécimens. La collection d’Orbigny est la collection fondatrice. Elle s’est enrichie au cours de la seconde moitié du XIXe siècle par l’agrégation d’autres collections d’illustres naturalistes comme celles de Faujas de Saint-Fond, Lamarck, Brongniart, Milne Edwards, Michelin ou Cossmann pour ne citer que les plus célèbres. Pratiquement tous les groupes taxinomiques non vertébrés sont représentés et proviennent de diverses parties du monde, principalement d’Europe et des anciennes colonies (Afrique, Madagascar…). Devant cet ensemble monumental de matériel historique, a germé l’idée d’extraire les types des espèces décrites par les auteurs pour les placer dans un lieu dédié : la typothèque. C’est Jean-Claude Fischer qui, dans les années 80, a été à l’initiative de cette typothèque. Son intérêt tient au fait que les types sont bien repérés car ils ne sont plus disséminés dans la masse de la collection générale. De ce fait, ils sont plus facilement valorisables. Contenant peu de spécimens au début des années 2000, elle a pris un essor considérable grâce à un poste de technicien à plein temps spécialement dédié à sa gestion. Il a alors été possible d’extraire les types, mais aussi les figurés, au sein de la collection générale et de les replacer au sein de la typothèque. Actuellement et après un travail long d’une vingtaine d’années pendant lesquelles extractions et nouvelles acquisitions sont venues accroître son importance, elle compte environ 40 000 types et figurés. Le statut exact de chaque type (ex : holotype, syntype, paratype…) y est bien identifié et l’ensemble du matériel est informatisé sur une base de données. Récemment une nouvelle phase de valorisation s’est ajoutée avec la numérisation des types. Ainsi, les données de la typothèque sont accessibles en ligne sur le site WEB du Muséum. Un accès virtuel pouvant remplacer une visite difficilement réalisable est donc possible pour les chercheurs du monde entier. » Didier Merle, Jean-Michel Pacaud, Sylvain Charbonnier. La typothèque des invertébrés fossiles du Muséum (MNHN).

Pour en savoir plus sur l’organisation et la gestion de cette typothèque, lire l’extrait du site internet du Museum qui lui est consacré.

Quelques photos de la visite organisée Jeudi 20 mars par Daniel L., à laquelle ont participé une dizaine de personnes de l’équipe de Grignon.

Le Club à Saint-Germain de la Grange (77)

Archéologie en terre connue

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Le Club a tenu plusieurs ateliers paléontologiques lors de cet événement organisé par l’association La Grange animée le 15 mars 2025 à Saint-Germain de la Grange (Yvelines). Ils n’ont pas désempli, attirant jeunes et moins jeunes, simples curieux mais aussi de plus professionnels, l’occasion de semer la graine d’une future passion chez certains, d’attirer de nouveaux membres, et de nouer des contacts enrichissants.
Des jeux pour les plus jeunes, le Paléontologue Maboule ou le Memory des Fossiles, des ateliers « binoculaire » pour découvrir les merveilles du monde microscopique, des ateliers plus studieux, comme le tri de sédiment ou l’identification des espèces, il y en avait pour tout les âges et tous les goûts.
Un grand merci à La Grange Animée pour cette invitation et l’organisation !

Xavier, Pdt du Club

 

 

Plus de photos sur la page Facebook de La Grange animée

Compte rendu (réservé aux adhérents) de cette journée par Vincent ici

Le passé de Grignon….

 

Photos Rémi Coutin
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Fossiles de Grignon – Jacques le Renard d’après diapositives réalisées par Remi COUTIN en 1974

Je souhaite partager avec vous deux documents essentiels :

  1. « la mer de Grignon » – Conférence de Jacques Le Renard (1974).  L’intégralité de cette conférence, donnée le 8 mars 1974 lors d’une réunion de la Société Versaillaise des Sciences Naturelles et retranscrite dans son bulletin de mars 1974 est déjà, disponible sur le site du club, dans la rubrique « la falunière de Grignon« , avec l’aimable autorisation de l’auteur. Elle aborde divers aspects de la biostratigraphie et de la paléoécologie de la falunière : la faune rencontrée, les conditions de vie, les espèces perforantes, les prédateurs, les modes de vie et …même la beauté de certaines coquilles. Une nouvelle version remaniée en 2014, enrichie de 102 splendides photos de Remi Coutin est disponible sur le site de l’Association des Naturalistes des Yvelines.
  2.  » AgroParisTech, une longue histoire  » Récemment exhumé des archives numériques, ce document raconte l’histoire illustrée du domaine de Grignon et de l’école d’Agriculture. Il retrace le passé de ce site remarquable à travers une exposition organisée dans le château de Grignon lors des journées du patrimoine 2013 sous l’égide du Musée du Vivant et de l’Association Patrimoine AgroParisTech.

JD Mars 2025

Le Club à Saint-Germain de la Grange (77)

Archéologie en terre connue

Le Club Géologique Île-de-France animera plusieurs ateliers paléontologiques lors de la Grande Journée Archéologie & Paléontologie, organisée par l’association La Grange animée le 15 mars 2025 à Saint-Germain de la Grange (Yvelines).

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Vous y découvrirez l’archéologie et la paléontologie locales à travers expositions, ateliers interactifs et conférences.

Quelques informations pratiques :

Le lieu : Salle Jules Gohard, 4 Allée des Sabotiers, 78640 Saint-Germain de la Grange

  • Matin (9h30 – 11h30) – Sur inscription

Atelier : « Techniques de fouille et de datation » animé par Seine et Yvelines Archéologie et la Grange animée

Billetterie ouverte ! Réservez dès maintenant https://www.helloasso.com/…/evenem…/ateliers-archeologie

  • Après-midi (14h – 18h) – Entrée libre

Exposition exceptionnelle : collections du CRARM, de Seine et Yvelines Archéologie et du Club Géologique Île-de-France

Ateliers participatifs : fabrication de bijoux néolithiques, poterie, découverte des techniques de fouilles, tamisage et extraction

Démonstrations scientifiques : observation de fossiles et minéraux à la binoculaire

Espace enfants : conte immersif sur le Néolithique

Conférence : les fouilles menées en 2021

Buvette et livret jeu pour petits et grands

Pour plus d’informations, suivez les actualités ici : https://www.facebook.com/LaGrangeAnimee

Venez en famille, entre amis pour une plongée unique vers le passé de Saint-Germain de la Grange !

Amicalement,

Xavier, Pdt du Club Géologique Île-de-France

 

Décès d’Hervé Lapierre

Cher(e)s ami(e)s,

Je réfléchissais à une première communication à vous faire en tant que nouveau Président du Club, le conseil d’administration réuni à l’issue de notre dernière AG ayant bien voulu me faire cette confiance, en l’imaginant pleine de projets et d’enthousiasme.

Malheureusement, je vous écris pour vous faire part de ma tristesse d’apprendre le décès de notre cher ami, et membre du club pendant tant d’années, Hervé Lapierre, ce matin. C’est une perte autant amicale que scientifique. S’il laisse plusieurs travaux inachevés, au- delà du scientifique toujours enthousiaste et passionné qui ne venait͏‌ jamais au pigeonnier sans avoir une nouvelle découverte, ou une nouvelle idée, à partager avec nous, l’homme nous aura aussi marqué par son humilité, sa gentillesse, et son hospitalité si amicale. Secondé par sa femme qui partageait certainement ses valeurs, il nous avait notamment accueilli à son domicile aux temps pénibles du Covid, où le pigeonnier nous était fermé. 

Nous attendons des informations au sujet de ses funérailles et des possibilités d’y assister pour témoigner de nos pensées attristées à son souvenir et pour sa famille en deuil.

Prenez soin de vous !

Xavier Vrinat, Pdt du Club géologique IdF

Triste communication en effet Xavier !
Cela a été un privilège de connaître Hervé Lapierre, une personnalité lumineuse et bienveillante, généreux de son savoir et de son temps, qui nous a donné de si bons conseils…L’exemple parfait du savant éclairant…
Maya
 
 
Correspondant régulier et co-auteur d’articles avec Dirk Nolf, scientifique de renommée mondiale spécialisé dans l’étude des otolithes, Hervé était un infatigable tamiseur de sédiment. Passionné par la microfaune – otolithes, chitons, ostracodes, algues et bien d’autres – il sollicitait ses collègues pour qu’ils lui procurent du sédiment de tous les horizons pour ses recherches.
Sa curiosité scientifique et son intérêt pour le fonctionnement général du club étaient exemplaires. Dès mars 2012, à la naissance de notre site internet, il avait généreusement accepté d’y contribuer en rédigeant un article pédagogique sur les otolithes de Grignon.
Un ami et réfèrent scientifique reconnu nous quitte.
Jacques
 

La science (et l’Association) perdent un vrai chercheur, un homme sympathique, dévoué et modeste. Quel dommage que des personnes de cette valeur ne puissent vivre plusieurs vies. Meilleures pensées à sa famille et ses amis.

François

 

Les premières cartes géologiques du Bassin Parisien

Des cartes géographiques et minéralogiques aux cartes géologiques

Le Bassin Parisien est le plus grand des trois bassins sédimentaires français. Il couvre la majorité de la moitié Nord de la France avec une superficie de 110 000 km2 environ. Il est limité à l’ouest par le Massif Armoricain, au sud par le Massif Central, à l’est par les Vosges et au nord-est par les Ardennes. Il est ouvert au nord et au nord-est vers les bassins de Londres et de Belgique. Voir la Géomorphologie du BP.

Les premières cartes géologiques du Bassin parisien publiées à la fin du XVIIIᵉ siècle et au début XIXᵉ étaient des outils pionniers mais imparfaits, et elles reflétaient plus une synthèse visuelle simplifiée qu’une représentation fidèle et exhaustive des observations scientifiques, idées et analyses complexes présentées dans les mémoires ou notices explicatives qui les accompagnaient.

Ainsi des mémoires qui ont accompagnés chaque carte proposé par Jean-Etienne Guettard ou l’ « Essai sur la géographie minéralogique des environs de Paris, avec une carte géognostique et des coupes de terrain » qui accompagne « La Carte géognostique des environs de Paris » (1811) par Georges Cuvier et Alexandre Brongniart…

1. Les cartes géographiques du BP

« Carte particulière des Environs de Paris » 1768 – François de La Pointe, graveur

La « Carte particulière des Environs de Paris » est le fruit d’une initiative de Colbert qui, en 1668, chargea l’Académie Royale des Sciences de réaliser des cartes de France plus précises que celles existantes.
Cette carte est la première application réalisée à partir d’une triangulation en France. Les premiers essais sont réalisés en Île-de-France. Sous la direction de deux académiciens, de l’Académie Royale des Sciences, Gilles Personne de Roberval et Jean-Félix Picard, l’ingénieur David du Vivier dirige les relevés.
Cette carte est basée sur les travaux géodésiques de Jean Picard, qui avait effectué des relevés dès 1669 pour mesurer un arc de méridien terrestre entre Malvoisine (78) et Sourdon-Amiens (80).
Ces relevés furent ensuite élargis pour inclure la région parisienne, permettant ainsi la création de cette carte d’une précision inédite. La carte s’étend de Mantes à la Ferté-sous-Jouarre et de Pont-Sainte-Maxence à Milly, à l’échelle de 1/86 400, et mesure 180 x 126 cm.

La carte ne comporte pas de limites administratives et ne représente pas les voies de communication. Villes, bourgs et villages, rivières et forêts sont signalées ; le relief est esquissé.

Réalisée par l’Académie Royale des Sciences en 1674 et gravée sur cuivre par François de La Pointe en 1678, cette carte, publiée en neuf planches entre 1671 et 1678, marque une avancée significative dans la cartographie française.
Préfigurant la célèbre carte du royaume de France élaborée par les quatre générations de la famille Cassini, cette oeuvre achevée en 1784, s’inscrit dans un contexte où Louis XIV attira en France Jean-Dominique Cassini, un astronome d’origine italienne, en 1671. La collaboration de Cassini avec l’Académie Royale renforça les fondements de la cartographie moderne.

 

 

2. Les cartes minéralogiques du BP

De même que certaines périodes de l’histoire de la Terre, telles que le Carbonifère et le Crétacé, ont été nommées en référence à des formations géologiques caractéristiques associées à des ressources naturelles exploitées par l’Homme (vastes dépôts de charbon pour le Carbonifère, dépôts de craie pour le Crétacé), la première carte géologique éditée en France fut en réalité une « carte minéralogique ». Conçue dans une logique d’exploitation des ressources naturelles, elle avait pour objectif principal de dresser un inventaire des réserves minières et coquillières du pays.

Sous l’impulsion de Jean-Étienne Guettard (1715-1786), naturaliste natif d’Étampes et assistant de Réaumur dès 1741, la cartographie géologique moderne prend naissance. Réaumur, fervent partisan d’une démarche empirique et d’enquêtes de terrain, convaincu que la science doit être utile à l’État et à la société, initie Guettard à l’étude du monde minéral et lui ouvre les portes de son vaste cabinet d’histoire naturelle. Ce cadre stimulant permet à Guettard de développer un travail novateur qui culmine, en 1746, avec la publication du « Mémoire et carte minéralogique où l’on voit la nature et la situation des terreins qui traversent la France et l’Angleterre ». La carte associée, œuvre pionnière pour son époque, est souvent considérée comme la première carte géologique jamais publiée et marque un jalon dans l’histoire des sciences.

Dès la fin du XVIIe siècle, quelques auteurs désireux d’établir un inventaire des gisements de roches, minerais et minéraux exploités (mines et carrières) proposaient de compléter les listes de localités par une localisation sur une carte.

Pour réaliser ce travail, Guettard a pu s’inspirer du projet de Martin Lister (1638-1712), qui exposa en Mars 1683 à la Royal Society de Londres l’idée d’une carte minéralogique de l’Angleterre qu’il désignait par l’expression de « Soil or Mineral Map » (carte du sol ou des minéraux). Ce projet intitulé « An ingenious proposal for a new sort of maps of countrys, together with tables of sand and clays » n’a pas abouti.
« Pour juger de la composition de la Terre et de beaucoup de phénomènes qui y appartiennent […] Il était conseillé, à cet effet, de concevoir une ‘carte du sol ou des minéraux’, comme je l’appelle. » Martin Lister

John Aubrey (1626-1697), reprit l’idée de Martin Lister en 1691. Dans son ouvrage « Natural History of Wiltshire », il formula le projet d’une carte de l’Angleterre sur laquelle les couleurs employées rappelleraient celles qu’on trouve sur Terre et qui serait pourvue de symboles (« markes ») désignant les fossiles et les minéraux.
« J’ai souvent souhaité une carte de l’Angleterre colorée selon les couleurs de la terre ; avec des marques des fossiles et des minéraux. [Les cartes géologiques, indiquant par différentes couleurs les formations de diverses localités, sont maintenant familières à l’étudiant scientifique.] » Ce projet n’a pas abouti.

La cartographie ‘minéralogique’ était cependant dans l’air du temps :
Le Révérend Père Lubin (1624-1695) augustin et géographe du roi, auteur d’un « Guide du Curieux des Cartes Geographiques » (1678) écrivait :
« Je m’étonne de ce que cette même paffion n’a point encore fait naî tre la penſée de dreffer des Cartes fingulieres, où toutes les Mines, tant des metaux que des mineraux feroient marquées avec un mot ou une note, qui feroit connoître de quel metal ou de quel mineral eft la mine ; ces Cartes feroient prodigieufement utiles. »

M. de Fontenelle (1657-1757), secrétaire de l’Académie Royale des Sciences termine son compte rendu de la communication de M. de Réaumur sur les fossiles de Touraine (1720) par ses mots :
« Monsieur de Réaumur imagine comment le Golfe de Touraine tenait à l’Océan et quel était le Courant qui y charriait les Coquilles, mais ce n’est qu’une simple conjecture donnée pour tenir lieu de véritable fait inconnu, qui sera toujours quelque chose d’approchant. Pour parler sûrement sur cette affaire, il faudrait avoir des espèces de Cartes Géographiques dressées selon toutes les Minières de Coquillages enfouies en terre. Quelle quantité d’observations ne faudrait-il pas et quel temps pour les avoir ! Qui sait cependant si les Sciences n’iront pas un jour jusque-là, du moins en partie !« 

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L’image dans la pierre

 

Une fascination à travers les siècles, de Pline à Roger Caillois
"Il y a tel de ses joyaux qui passe pour inestimable et sans tarif dans les richesses humaines ; de sorte qu'aux yeux du grand nombre il suffit de je ne sais quelle pierre pour avoir la contemplation suprême et absolue de la nature." Pline l'Ancien
J'imagine une quête ambitieuse qui, loin de se contenter d'objets de rencontre, s'efforcerait de réunir les plus remarquables manifestations des forces élémentaires, anonymes, irresponsables qui, enchevêtrées, composent la nature.  Roger Caillois 'Pierres'

‘Mer immense où s’enfuient des galères’ – Agate ‘Le Vaisseau’- Mnhn Dation R.Caillois © C. Hy

Depuis des millénaires, certaines pierres fascinent l’humanité par leur capacité à évoquer des mondes miniatures. Ce document n’ambitionne pas de traiter de minéralogie conventionnelle ; il ne s’agit pas d’identifier ces minéraux, de décrire leurs structures cristallines, ni d’explorer les vertus et pouvoirs qui leur sont attribués depuis la haute antiquité. A travers la fascination esthétique que suscite leur aspect, il évoque une minéralogie plus ‘onirique’ ; dans leurs veines et marbrures où l’imagination humaine peut se déployer, l’œil peut y discerner des motifs naturels évoquant des scènes figuratives tels que paysages, figures mythologiques ou religieuses, figures humaines ou scènes poétiques.

La paréidolie est ce processus qui survient sous l’effet de stimuli visuels, et qui porte à reconnaître une forme familière dans un paysage, un nuage…ou dans le motif présenté par une coupe de minéral. La paréidolie est une expression de cette tendance du cerveau à créer du sens en assimilant des formes aléatoires à des formes qu’il a déjà référencées. Les paréidolies sont subjectives : chacun peut voir une chose différente.

« Tout se passe comme si l’esprit était ainsi fait qu’il ne peut ne s’empêcher de chercher une image reconnaissable dans ce qui ne saurait rien représenter » Roger Caillois

Ces pierres, principalement des agates, jaspes, septarias, onyx ou encore des paésines, sont des « œuvres de la nature », « des jeux de la nature » dans lesquels chacun peut lire un monde en miniature.

La mystérieuse propriété de la pierre qui lui permet de former ces images est alors appelée « puissance minérale formative des pierres » ou gamahés (vis mineralis lapidum formativa) par Albert le Grand, « esprit plastique architectonique » (spiritus plasticus architectonicus) par Athanase Kircher, « puissance séminale lithogène » (vis seminalis lapidifica) par Gassendi.

De Pline l’Ancien à Roger Caillois, en passant par les cabinets de curiosités de la Renaissance et les ‘pierres de rêve’ des lettrés chinois, nous explorerons comment ces ‘pierres paysages’ ou ‘pierres à image’ ou ‘pierres figurées’ ont captivé l’œil et l’esprit des observateurs à travers les âges. »

1- Pline l’Ancien (23-79)

Dans son ‘Histoire naturelle’, Pline témoigne de l’usage et l’appréciation des marbres et autres pierres dans l’Antiquité. Au-delà d’un simple catalogue de matériaux de construction, il révèle une fascination pour les aspects esthétiques et symboliques des pierres, en particulier celles présentant des motifs naturels évocateurs. Il détaille non seulement l’utilisation des marbres dans la statuaire, dans l’architecture des temples, des palais et des maisons individuelles, mais s’attarde aussi sur leurs qualités visuelles uniques. Dans leurs veines et marbrures, l’œil peut discerner des paysages, des figures mythologiques, ou des scènes poétiques. Il évoque notamment les motifs naturels en mentionnant des cas remarquables où la nature semble avoir créé des images dans la pierre, comme la figure de Silène apparue dans un bloc de marbre de Paros ou celle d’Apollon sur une agate.

« Tous ces artistes n’ont employé que le marbre blanc de Paros, nommé d’abord lychnites, parce que, dit Varron, on le taillait dans les carrières à la lumière des lampes. Depuis on en a découvert beaucoup d’autres plus blancs, et récemment encore dans les carrières de Luna (Ndlr : Carrare). On rapporte de celui du Paros un fait merveilleux : dans un bloc qu’on fendit avec des coins, apparut une figure de Silène. » De natura rerum livre 36

« …Après cette bague, la renommée parle de celle d’un autre roi, de ce Pyrrhus qui fit la guerre aux Romains. C’était, dit-on, une agate sur laquelle on voyait les neuf Muses et Apollon tenant sa lyre, non par un travail de l’art, mais par un produit spontané de la nature ; et les veines étaient disposées de telle façon que chaque Muse avait même ses attributs particuliers. » De natura rerum 

Pline décrit une pierre célèbre comme présentant une image naturelle d’Apollon et des neuf Muses, formée par les veines de la pierre elle-même, sans intervention artistique humaine. Cette description est considérée comme l’une des premières mentions écrites de ce que nous appelons aujourd’hui les « pierres à images » ou « pierres paysages ».

« Les premiers marbres tachetés furent, je pense, trouvés dans les carrières de Chio ; les habitants les employèrent aux murs de leur ville, et ils s’attirèrent une plaisanterie de Cicéron ! Ils montraient à tout le monde ces murailles comme magnifiques : « J’admirerais bien plus, dit-il, que vous les eussiez faites en pierre de Tibur*» Ce qu’il y a de certain, c’est que la peinture n’aurait pas été aussi honorée, ou plutôt ne l’aurait pas été du tout, si les marbres variés eussent été en vogue » . Livre 36
*Pierre de Tibur : travertin depuis longtemps extrait de carrières proches de la ville de Tivoli, alors appelée Tibur en latin, située à une trentaine de kilomètres de Rome.

La richesse du marbre ainsi que la beauté de ses motifs et couleurs, différents selon la carrière d’extraction, inspire également, dans l’Antiquité romaine, la réalisation de trompe-l’œil, par imitation du marbre, dans les habitations pour transformer sols ou parois en mers, vagues, en espaces animés et vibrants. 

 

 

 

 

 

                 

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L’ÂGE DE LA TERRE

Une exploration à travers le temps et les cultures

La création du monde - Chroniques de Nuremberg (1493)

La création du monde — Chronique de Nuremberg (1493) – Hartmann Schedel 

Depuis les premières civilisations humaines, la question de l’origine de la Terre a fasciné les esprits, donnant naissance à une multitude de récits et de mythes à travers le monde. Ces récits, souvent enracinés dans des traditions orales puis transcrits dans des textes sacrés, proposent diverses visions de la création de la Terre. Dans beaucoup de ces mythes, la Terre est perçue, émergeant du chaos primordial, comme le résultat d’une intention divine, une entité vivante et sacrée. Les mythologies, qu’elles soient issues de l’Inde antique, des peuples nordiques, ou des civilisations mésoaméricaines, partagent une vision symbolique et métaphorique de la naissance de notre planète, où le temps et l’âge ne sont pas des préoccupations centrales. Pourquoi les mythologies créationnistes ne se préoccupent-elles pas de la durée de l’existence Terrestre ? Pourtant, calculer un âge pour la Terre n’a de sens que si l’on accepte l’idée d’une naissance, d’un commencement. Or, pour beaucoup des traditions anciennes, la Terre, même si elle émerge du chaos ou est façonnée par des dieux, échappe à la temporalité humaine. Elle est à la fois ancienne et intemporelle, existant au-delà des âges. Dans cette perspective, l’idée même de mesurer son âge devient superflue, sinon impossible.
En contraste, la philosophie grecque antique, notamment à travers la pensée d’Aristote, propose une vision de l’univers comme éternel, sans commencement ni fin, traversant cependant pour les Stoïciens, un cycle perpétuel de destruction et de renaissance. Dans ce contexte d’éternité, calculer un âge pour la Terre n’a aucune pertinence.

Avec l’avènement des religions abrahamiques, une nouvelle perspective émerge : la création divine de la Terre en un temps déterminé. La Genèse, texte fondateur des traditions juive et chrétienne, introduit une chronologie précise à travers la généalogie des patriarches, permettant aux érudits de calculer l’âge de la Terre. Ces calculs, bien que variés, ont longtemps dominé la pensée occidentale, fixant l’âge de la Terre à quelques milliers d’années. Un temps court.

Cet article explore ces différentes visions du monde, depuis les mythologies créationnistes, en passant par l’idée d’éternité chez Aristote et les Stoïciens, puis la prédominance de la chronologie biblique jusqu’à l’émergence de la démarche scientifique qui a conduit à partir du XVIIIe siècle à la découverte du temps profond et au XIXe siècle à la datation moderne de la formation de la Terre. Nous verrons comment la perception de l’âge de la Terre a évolué au fil du temps à travers les âges et les cultures.

1 – Les mythologies créationnistes de la Terre

Ces récits, transmis oralement pendant des millénaires illustrent la volonté divine de créer un monde stable et habitable à partir du chaos primordial.

Mythologie mésopotamienne :
  • Dans l’épopée babylonienne « Enuma Elish », la Terre est formée à partir du corps de la déesse Tiamat après sa défaite par le dieu Marduk. Les parties de son corps sont utilisées pour créer le ciel et la Terre établissant un ordre cosmique.

Mythologie égyptienne :
  • Atoum : Le récit de la création le plus célèbre en Égypte ancienne provient d’Héliopolis (ville du soleil). Selon ce mythe, la création de la Terre est un acte du dieu Atoum, qui émerge du chaos primordial, souvent représenté par le Noun, une vaste étendue d’eau informe.

Mythologie hindoue :
  • L’Hymne de la Création (Nasadiya Sukta) du Rig-Veda explore les mystères de la création de l’univers, exprimant une humilité devant le mystère de l’existence et suggérant que même les dieux pourraient ne pas connaître l’origine ultime du cosmos.
    Voici un extrait du Nasadiya Sukta :
    « D’où est née la création, d’où est-elle venue ?Les dieux sont venus après la formation de ce monde.Alors, qui sait d’où il provient ?
    D’où est venue cette création, peut-être qu’il la forma, peut-être qu’il ne l’a pas formée.Celui qui dans les cieux les plus hauts en a la surveillance, Lui seul le sait — ou peut-être ne le sait-il pas. »
    Ce texte exprime une humilité profonde devant le mystère de l’existence, suggérant que même les dieux pourraient ne pas connaître l’origine ultime du cosmos.
Mythologie chinoise :
  • Pan Gu : La mythologie chinoise décrit la formation du ciel et de la Terre par Pan Gu, émergeant d’un œuf contenant le cosmos entier, libérant ainsi l’univers et créant la Terre.

Mythologie japonaise :
  • Izanami et Izanagi : Dans le mythe japonais de la création, les dieux Izanagi et Izanami sont chargés de créer la Terre. En utilisant une lance céleste, ils remuent l’océan primordial, et les gouttes qui en tombent forment les premières îles du Japon. Ces îles deviennent les premières terres solides, et Izanagi et Izanami continuent à créer d’autres terres et divinités. Transcription des 712 ap. J.-C.

Mythologie nordique :
  • Ymir : Un géant primordial, Ymir est tué par Odin, le dieu des dieux, et ses frères, et son corps est utilisé pour créer la Terre. Cette création est à la fois un acte de formation et de destruction. Sa chair devient la terre, son sang forme les océans, ses os deviennent les montagnes, et son crâne le ciel. Cette création est à la fois un acte de formation et de destruction.

  • Ragnarök : Dans la mythologie nordique, le Ragnarök est l’événement apocalyptique où les dieux, les hommes, et l’univers tout entier sont détruits. Après cette destruction, un nouveau monde est censé émerger, plus pur et fertile.
Mythologie aztèque
  • Selon la mythologie aztèque, les dieux Tezcatlipoca et Quetzalcoatl ont créé la Terre après avoir vaincu le monstre primordial Cipactli, une créature qui vivait dans les eaux du chaos. Les dieux ont attiré Cipactli hors des eaux et l’ont démembré pour créer le monde. Les différentes parties du corps de Cipactli ont été transformées pour former la Terre et le ciel. Sa tête est devenue le ciel, tandis que son corps a formé la terre ferme, les montagnes et les vallées.

  • Les Aztèques pensaient aussi que l’histoire du monde est cyclique et croyaient en une succession de « Soleils » ou époques, chacune se terminant par une destruction avant la recréation du monde. Par exemple, ils vivaient sous le Cinquième Soleil, qui était destiné à être définitivement détruit par des tremblements de terre.

 

>> Ces différents récits mythologiques proposent la création de la Terre comme une émergence ordonnée du chaos primordial, façonnée par des actions divines. Ce processus, symbolique ou métaphorique, échappe souvent à la temporalité humaine, se situant à la fois dans l’ancienneté et l’intemporalité et n’accorde pas d’importance à la datation précise de la création de la Terre.

Ces exemples illustrent aussi la prédominance du concept de destruction cyclique et de régénération de la Terre. Cette notion de perpétuelle transformation transcende les époques et les cultures. On retrouve cette idée, sous diverses formes, dans de nombreuses traditions philosophiques et mythologiques à travers l’histoire. 

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ANTHROPOCÈNE or not ANTHROPOCÈNE ?

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Photographie et témoignage d’Edward Burtynsky (mars 2020)

Edward Burtynsky capture l’essence de l’Anthropocène dans sa photographie des mines de potasse de Berezniki (Sibérie), illustrant parfaitement la fusion entre les processus géologiques naturels et l’intervention humaine : « C’est dans les mines de potasse, sous les fondements de Berezniki, une ville russe de Sibérie centrale, que j’ai pris cette photographie…Un ancien fond marin tapissé de couches aux couleurs vives : la potasse recouverte de stries orange et les lignes sinueuses tracées par l’intense pression du sol. Cependant, les empreintes des coquilles de nautile (plutôt ammonites, ndlr) ont été dessinées par une machine que les mineurs appellent la moissonneuse-batteuse. Celle-ci creuse des tunnels avec des disques tournants de part et d’autre. Lorsque la machine fait marche arrière, elle sculpte ces médaillons dans la roche. » (National Geographic, mars 2020).


« Une bonne physique terrestre doit comprendre la météorologie, la géologie et la biologie ». Jean-Baptiste de Lamarck, Hydrogéologie (1802).


 

Transformations de la surface de la terre

La Terre, âgée d’environ 4,5 milliards d’années, a connu de nombreuses transformations avant l’apparition de l’homme :

  • Les cyanobactéries (3,5 milliards d’années) ont été les pionnières de la production d’oxygène. Elles ont initié la « Grande Oxygénation », modifiant radicalement l’atmosphère terrestre.

 

  • Les plantes, en colonisant la surface terrestre, ont réduit l’albédo (réflectivité de la lumière solaire), contribuant à une hausse de la température moyenne de la planète.
  • L’explosion cambrienne (540 millions d’années) a marqué l’émergence d’une diversité biologique sans précédent avec l’apparition des principaux embranchements animaux, établissant les fondements de la biodiversité moderne.
  • Les extinctions massives : La Terre et les organismes vivants ont ensuite continué à interagir. Cinq grandes extinctions ont façonné l’évolution de la vie, la dernière ayant eu lieu il y a 66 millions d’années, entraînant la disparition des dinosaures non aviens et des ammonites.

 

L’empreinte des hominidés sur leur environnement s’est progressivement manifestée : domestication du feu, utilisation d’outils, sédentarisation et urbanisation, développement de l’agriculture et de l’élevage, et utilisation des premières énergies provenant du bois et du charbon.

En 1784, l’Écossais James Watt a déposé un brevet pour une locomotive à vapeur. Le développement des machines à vapeur, avec 500 machines Watt en service dès 1800, associé à l’exploitation intensive des mines de charbon, a marqué le début de la révolution industrielle. Cette avancée technologique a entraîné l’activité humaine vers des niveaux jamais atteints auparavant.

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L’Etat affecte le domaine de Grignon à un projet d’intérêt général

Communiqué du Conseil d’administration de Grignon 2000 le 14 juin 2024

C’est une étape décisive qui vient d’être franchie. Nous apprenons par le quotidien « La Lettre » de ce jour que les services du Premier Ministre décident de conserver Grignon. Nous saluons cette décision conforme à l’ambition de Grignon 2000.

Depuis 2016, c’est un groupe de pionniers mené par Georges d’Andlau et Hervé Lecesne qui a patiemment monté Grignon Campus, un projet ambitieux pour la transition écologique, réaliste sur le plan économique et ouvert sur son territoire et pour les franciliens. Nous constatons avec plaisir que l’Etat reprend à son compte notre proposition.

Grignon reste donc au service de l’intérêt général avec AgroParisTech comme représentant de l’Etat. Il établit un partenariat public privé au service de la rénovation du patrimoine de la première école d’agronomie de France. Au travers d’une société universitaire locale immobilière, les partenaires privés, les collectivités locales et l’Etat donneront un nouveau souffle à ce joyau francilien.

Nous nous félicitons de constater qu’aujourd’hui c’est la raison qui l’a emporté. Notre modèle économique construit patiemment avec des partenaires est repris en grande partie d’après les informations disponibles.

Notre association et le consortium de partenaires et d’investisseurs qu’elle a constitué sont évidemment prêtes à jouer un rôle significatif dans la construction du futur du domaine. C’est une opportunité en or pour la transition écologique des systèmes agricoles et alimentaires.

La désignation d’un Président et d’un futur directeur général est la dernière étape avant le lancement du projet. Nous espérons que le contexte politique ne retardera pas cette nomination. Trop de temps a été perdu et le domaine s’abime, il est temps de se projeter dans un futur nouveau pour Grignon, de faire l’unanimité et de passer à l’action.

Nous félicitons les fonctionnaires mobilisés pour faire avancer le dossier et l’ensemble des associations et des partenaires qui nous ont permis de convaincre l’Etat. Nous remercions surtout les élus locaux et notamment Nadine Gohard, maire de la commune, pour leur engagement en faveur de l’intérêt général.

Nous restons déterminés pour que ce projet d’intérêt général soit aujourd’hui entièrement dédié à la transition écologique des systèmes agricoles et alimentaires. Nous nous réjouissons de pouvoir participer à la construction des prochaines étapes. 

Le conseil d’administration de Grignon 2000.                        

                                                                                   Le communiqué complet : ici