L’Homme et la Coquille

 

      Chevalier et escargot – Enluminure du Livre d’Heures de Phillipe de Navarre attribué à Jean le Noir – vers 1360, British Library London

« Passons aux murex et aux coquillages qui ont un test plus solide. La nature s’est fait un jeu de les varier de mille manières ! Que de différences dans les nuances que de différences dans les formes ! Ils sont plats, concaves, allongés, échancrés en croissant, arrondis en globe, coupés en demi-globe, élevés en cintre, unis, rugueux, dentelés, striés ; leur sommet se contourne en spirale leur rebord s’allonge en pointe, se renverse en dehors, se replie en dedans. Voyez encore : ils sont rayés, chevelus, crêpés, cannelés, divisés en dents de peigne, imbriqués, réticulés, étendus en ligne oblique ou en ligne droite, ramassés, allongés, tortueux, à valves attachées par une charnière peu étendue, réunies sur tout un côté, entr’ouvertes comme si elles allaient se choquer pour applaudir, contournées en forme de cor. Les coquilles dites de Vénus naviguent, et, présentant au vent leur partie concave, elles font voile sur la surface des mers. Les peignes sautent, voltigent hors de l’eau ; ils se servent, eux aussi, de leur coquille comme d’une barque. » Pline l’Ancien – « De natura rerum » trad E. Littré (1877)
« Le hasard m’ayant prescrit d’écrire sur le thème des Coquilles, à peu près comme, au bord de l’eau, il m’eût offert à remarquer un de ces objets charmants, j’ai pris ce motif de merveille : j’ai fait ce que fait un passant qui vient de ramasser à même le sable telle petite coque calcaire, curieusement formée ; qui la regarde et la manie, en admire le tourbillon minéral, et l’ordre des taches, des stries, des épines, qu’il porte ou engendre, dans le mouvement disparu qu’il suggère. J’ai médité mon thème inattendu, je l’ai rapproché des yeux de mon esprit ; je l’ai tourné et retourné dans ma pensée…Je ne savais à peu près rien des mollusques, et j’ai joui de m’illuminer successivement tous les points de mon ignorance. »  Paul Valéry – « L’homme et la coquille » – 1937

Quelques extraits complémentaires du livre de Paul Valéry « l’Homme et la Coquille » illustrés par des photos de fossiles de la falunière de Grignon.

Quelques textes de Francis Ponge « Notes pour un coquillage » , de Pablo Neruda «  Mollusca gongorina  » et de Paul Verlaine « Les coquillages » . Ainsi que la délicieuse nouvelle, un peu coquine, d’Emile Zola « Les coquillages de Monsieur Chabre » vantant les mérites des berniques. JD

 

                                SOMMAIRE
Avant-propos

1- Les Coquilles au temps de la Préhistoire 

2- Les Coquilles de l'Antiquité à la Renaissance : ** Les précurseurs avant la Renaissance

3- Les Coquilles de la Renaissance au Siècle des Lumières : ** Les Précurseurs de la Renaissance ** du XVIIème siècle ** du XVIIIème Siècle ** les Cabinets de Curiosités/Histoire Naturelle ** l'Encyclopédie ** les Débuts de la Paléontologie moderne

4- Divers : ** Croyances populaires ** les Coquilles dans l'Art ** Les Fossiles du Bassin Parisien ** L'homme et l'argonaute ** L'homme et le cauri, porcelaine monétaire ** Une version possible du mythe de Dédale ** Le tridacne, "bénitier" par excellence ** L'opus musivum des Nymphées et Rocailles ** La spirale chez les mollusques ** L'ornementation des mollusques  ** Coquilles aérophones ** La pourpre des Muricidae ** La femme et la coquille **  Meretrix lusoria (Röding, 1798) ** Les premières évocations des fossiles du BP ** Une histoire d'huitres ** Nommer les coquilles aux XVIᵉ, XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles ** Les mosaïques de coquilles mésopotamiennes

5- Documentation pour la détermination des fossiles de l'Eocène du Bassin Parisien

 

   Avant-propos

Ce document ne prétend pas être une thèse exhaustive sur l’évolution des relations de l’homme avec la coquille, terme générique désignant le mollusque vivant, sa coquille ou son fossile. Comme le souligne à juste titre Antoine Dezallier d’Argenville dans « Lithologie et Conchyologie » (1755), il convient de distinguer entre coquillage et coquille :

"Tous ces mots de Concha, de Testa & d'Ostreum se rendent en françois par celui de Coquillages, qui ne doit être employé que pour exprimer le Poisson renfermé dans son écaille. Il sert à présenter également l'idée de l'un & de l'autre. Quand il n'est question que de l'écaille sans le poisson, le mot de Coquille convient mieux ; ainsi l'on employera dans ce traité le terme de Coquillage quand on parlera du Poisson & de son écaille conjointement, & celui de Coquille, lorsqu'il ne s'agira que de l'écaillé."

Ce document n’est pas non plus une histoire exhaustive de la Malacologie ou de la Paléontologie des mollusques, arthropodes, échinodermes, chordés, etc. Il s’agit plutôt d’un modeste catalogue synthétisant les pensées, théories ou croyances de quelques auteurs, parmi des centaines, à travers des extraits de leur œuvre. Il présente ainsi leurs réflexions sur les coquillages, les ‘pierres figurées’, les ‘cornes d’Am(m)on’, les ‘œufs de serpents’, les ‘glossopètres’, et bien d’autres. Ce document tente de mettre en lumière leurs efforts de représentation, désignation, description, classement des coquilles ainsi que leurs explications sur l’origine des fossiles et les mécanismes de sédimentation. Il témoigne en réalité d’une lente maturation d’un savoir cumulatif menée par les ‘prédécesseurs‘, et les ‘précurseurs‘, considérés comme ‘éclaireurs‘ dont les tâtonnements, erreurs, répliques incessantes des idées archaïques et vues nouvelles, voire fulgurances, ont contribué à l’avènement des authentiques ‘fondateurs‘ de la paléontologie moderne.

L’apport des précurseurs a été souligné par de nombreux auteurs, tels Sénèque (64), Guillaume de Conches vers 1100 et Bernard de Chartres vers 1120, ainsi que Newton en 1675.

Dans son ouvrage « Naturales questiones » paru en 64 apr. J.-C, Sénèque parlait en ces termes de ce que l’on doit aux prédécesseurs :  

"La cause qui fait trembler la terre est due, selon les uns, à l’eau ; selon d’autres, au feu ; à la terre elle-même, disent ceux-ci ; à l’air, disent ceux-là ; quelques-uns admettent le concours de plusieurs de ces causes ; certains les admettent toutes. Enfin, on a dit qu’évidemment c’était l’une d’elles : mais laquelle ? On n’en était pas sûr. Passons en revue chacun de ces systèmes ; ceux des anciens, je dois le dire avant tout, ne sont que des ébauches peu achevées. Ils erraient encore autour de la vérité. Tout était nouveau pour eux qui n’allaient d’abord qu’à tâtons ; on a poli et affiné leurs grossières idées, et si l’on a fait quelques découvertes, c’est à eux néanmoins que l’honneur en doit revenir. Il a fallu des esprits élevés pour forcer les arcanes de la nature, et, sans s’arrêter à ce qu’elle montre aux yeux, sonder jusqu’en ses entrailles et pénétrer dans les secrets des dieux. Ils ont beaucoup aidé aux découvertes en les croyant possibles. Écoutons donc nos prédécesseurs avec indulgence ; rien n’est complet dès son début. Pour grands que soient les progrès, chaque siècle à venir en fera de nouveaux : mais, en quoi que ce soit, toujours les commencements sont loin de la perfection." Sénèque - "Naturales questiones" - Livre VI (env. 64)

Guillaume de Conches écrivait dans ses Gloses sur Priscien vers 1100 : « Quanto juniores, tanto perspicaciores. Unde sumus quasi nanus aliquis humeris gigantis superpositus », ce qui signifie « Plus nous sommes jeunes, plus nous sommes perspicaces. Nous sommes donc comme un nain posé sur les épaules d’un géant ».

De même, Bernard de Chartres, enseignant à l’école épiscopale de Chartres vers 1120, a déclaré, selon Jean de Salisbury dans « Le Metalogicon » (1159) : « Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants ; nous voyons plus qu’eux, et plus loin ; non que notre regard soit perçant, ni élevée notre taille, mais nous sommes élevés, exhaussés, par leur stature gigantesque. » – traduction E. Jeauneau in « Lectio Philosophorum. Recherches sur l’école de Chartres » (1973)

Cette métaphore ‘des nains juchés sur les épaules de géants’ trouve sa transposition visuelle dans la cathédrale de Chartres à travers les vitraux sous la rosace de la façade sud : on peut y observer une représentation symbolique des quatre évangélistes juchés sur les épaules de quatre prophètes. Par exemple,  St Luc figuré sur les épaules de Jérémie : ainsi les réalisations et les connaissances des générations précédentes servent de fondement et de support à celles qui leur succèdent.

 

Newton a également fait écho à cette idée dans une lettre à Robert Hoocke datée du 5 février 1675 : « If I have seen further than others it is by standing on the shoulders of giants », ce qui se traduit par « Si j’ai vu plus loin que d’autres, c’est parce que j’étais hissé sur des épaules de géants. »

 

1-  Les coquilles au temps de la Préhistoire

Les archéologues ont découvert que nos ancêtres entretenaient déjà une relation privilégiée avec les coquillages, qu’ils soient fossiles ou non. En effet, au-delà de les collecter pour leur consommation et pour les échanger, il est désormais établi que depuis environ 100 000 ans, les humains utilisaient les coquillages dans la confection de parures et les incluaient dans leurs rites funéraires.

Les coquilles au temps de la Préhistoire

 

2– Les Coquilles : de l’Antiquité à la Renaissance

       2-1  Les Précurseurs avant la Renaissance

Avant la Renaissance
« Moi-même j’ai vu devenir mer ce qui était terre ferme, jadis, j’ai vu aussi des terres surgies des flots. Loin de la mer des coquilles marines ont jonché le sol. »  Métamorphoses d’Ovide (Livre xv) – Trad  A.M. Boxus et J. Poucet (2009)

Si certains ‘testacés’ marins sont abondamment décrits – tels que l’oursin, le nautile, l’argonaute, le murex, l’huitre, le buccin – les fossiles sont peu présents dans l’Antiquité.  Bien que repérés, des exemples tels que les cornes d’Ammon [ammonites], les poissons fossiles de Turquie, les glossopètres [dents de requins] de Malte, les grains d’orge [nummulites] présents dans les pierres des pyramides, n’ont pas été reconnus, à cette époque, comme des restes d’anciens animaux marins. La pensée romaine héritière des idées issues du bouillonnement intellectuel hellénistique n’apporte guère de nouveauté.  Les grands centres intellectuels tels que l’Académie à Athènes, fondée par Platon, le Lycée à Athènes par Aristote et le Musée à Alexandrie, fondé par Ptolémée 1er continuent de dominer le paysage intellectuel. A partir du IIIème siècle après JC, avec la partition de l’empire romain, son déclin puis sa chute, l’Europe entre dans l’ère du Moyen âge et de la Chrétienté. Le christianisme exerce une influence dominante, souvent contraignante, sur la pensée scientifique européenne favorisant la montée des croyances en les forces occultes (cachées), l’astrologie (influence des astres induite par le géocentrisme), le pouvoir et les vertus des pierres, et l’alchimie.

Pendant ce temps, dans le monde arabo-musulman, l’évolution scientifique continue. Le transport maritime en Méditerranée devient plus difficile et plus coûteux, ce qui affecte notamment l’approvisionnement en papyrus en l’Europe, entraînant son renchérissement. Pour faire face à cette situation, le parchemin, en tant que comme support d’écriture se développe. Cependant son coût élevé et sa rareté limitent l’accès à l’écriture et à la lecture à une élite restreinte, principalement composée de clercs et de moines copistes dont la principale mission sera de sauvegarder les textes anciens.

Le livre devient ainsi un objet rare et couteux, ce qui freine la transmission des idées et des connaissances, voire entraîne leur perte, jusqu’à l’avènement de la fabrication du papier au début du XIVème et de l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1458. Ces événements marquent le début de la Renaissance, une période caractérisée par une renouveau culturelle, artistique et scientifique en Europe.

  • La Bible, Aristote, Strabon, Pline l’Ancien, Ikhwan al-Safa (Les Frères en Pureté), Avicenne, Albert le Grand, le Combat des Chevaliers contre les Escargots                                                                                                                                            Les Précurseurs avant la Renaissance 

 

3- Les Coquilles : de la Renaissance à Paléontologie moderne

3-1  Les Précurseurs de la Renaissance

A l’aube de la Renaissance, le terme ‘fossiles‘ englobe tout ce qui est trouvé dans le sol, ce que Bernard Palissy (1580) décrit comme « les matières pour lesquelles recouvrer faut creuser la terre ». Alors que les roches, minéraux, minerais sont exploités pour leurs propriétés, les ‘pierres figurées’ -ces pierres qui présentent des similitudes avec des animaux marins existants ou inconnus- suscitent un intérêt particulier et donnent lieu à diverses interprétations et croyances populaires, souvent issues de conceptions légendaires ou religieuses. Parmi ces interprétations, on trouve des idées telles que les fossiles sont des fragments de géants, des créations divines ou naturelles, résultant de l’influence des astres, de la génération spontanée in situ dans le sol, de phénomènes liés à la foudre, à la circulation de fluides lapidificateurs ou pétrifiants, à des exhalaisons sèches ou humides, à des germes ou semences dispersées ou déplacées suite au déluge biblique… 

Néanmoins certains érudits émettent des hypothèses quant à l’origine organique des ‘pierres figurées’, et proposent des explications alternatives, telles que la fluctuation du niveau des mers, remettant ainsi en question l’idée du déluge, et théorisant sur les mouvements terrestres, les notions de strates et de sédimentation.

Avec l’avènement de l’imprimerie et des techniques de gravure sur bois et sur cuivre, certains auteurs publient des illustrations fidèles de coquilles et de fossiles accompagnées de descriptions et de classifications.

Cependant, malgré ces avancées, les conceptions religieuses et théologiques, notamment judéo-chrétiennes, ainsi que la redécouverte des auteurs grecs, entravent le développement de l’étude scientifique de la Terre.

Pendant trois siècles, à l’exception des idées visionnaires de Léonard de Vinci qui ne seront pas…publiées, les discussions scientifiques se concentrent principalement sur deux questions fondamentales : les fossiles sont-ils issus d’une génération spontanée in situ sous l’influence des astres, ou ont-ils appartenu à des créatures vivantes ? Le déluge biblique explique-t-il tous les phénomènes ? Ces débats persistent jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, limitant ainsi l’avancement des connaissances géologiques et paléontologiques.

« Nous pouvons dire d’ailleurs que cette opinion ne nous est pas du tout personnelle, et que c’est une vieille idée qu’ont eue même des philosophes fort anciens. C’est qu’il faut bien le dire : ce n’est pas une fois, deux fois, ni même un petit nombre de fois que les mêmes opinions se reproduisent périodiquement dans l’humanité ; c’est un nombre de fois infini. » Aristote – Météorologiques Livre 1 – trad J. Barthelémy St Hilaire (1863) sur le site Remacle.org
  • Léonard de Vinci, Jacobus Meydenbach, Jeronimo Frascatoro, Agricola, Girolamo Cardano, Conrad Gesner, Bernard Palissy, Ulissis Aldrovandi, Michele Mercati 

                                                 Les Précurseurs de la Renaissance

 

3-2  Les Précurseurs du XVIIème siècle 

Au XVIIème siècle, le brassage des idées entre les naturalistes s’intensifie grâce aux voyages, aux correspondances et à l’impression et à la diffusion des livres. Une communauté savante européenne émerge, dialoguant en latin, avec la fondation de nombreuses Académies telles que l’Accademia dei Lincèi à Rome (1603), l’Accademia del Cimento à Florence (1657), la Royal Society à Londres (1660) et l‘Académie Royale des Sciences à Paris (1666). Les collections se multiplient et d’importantes évolutions sont apportées dans la description et la classification des coquilles, se basant désormais plus sur leurs formes que sur leurs motifs colorés, ainsi que dans la précision des illustrations à travers des catalogues descriptifs.

Cependant, malgré ces avancées, les théories sur l’origine des fossiles restent largement inchangées. L’explication par le déluge biblique gagne même en force, malgré la première rupture majeure entre la théologie chrétienne et la science provoquée par l’affaire Galilée. Néanmoins, Francis Bacon, dans son ouvrage ‘Novum Organum scientarum (1620) et René Descartes dans son ‘Discours de la méthode (1637), sous-titré « Pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » introduisent une méthodologie. Cette approche permet l’essor d’une nouvelle recherche scientifique, en se détachant des conceptions d’Aristote et de la théologie.

Dans la seconde partie du siècle, l’essor de la géologie moderne se manifeste avec fulgurance par la publication en 1667 et 1669 des deux textes fondateurs de Nicolas Stenon, alors âgé de seulement 30 ans, ainsi que par les contributions significatives des savants anglais comme Robert Hooke, Martin Lister, réunis au sein de la Royal Society, stimulés par leur intérêt croissant pour les fossiles et leur grande expérience du terrain. Sans oublier l’apport considérable de Leibnitz, philosophe et scientifique allemand. Cette période d’essor est marquée par l’absence notable de contributions françaises dans le domaine.

  « Il n’y a pas d’autres voies qui s’offrent aux hommes, pour arriver à une connaissance certaine de la vérité, que l’intuition évidente et la déduction nécessaire. » Descartes ‘Règles pour la direction de l’esprit’ XIIème règle. 

  • Basilius Besler, Fabri de Peiresc, Fabio Colonna, Agostino Scilla, Niels Stensen (Nicolas Stenon), Robert HookeMartin Lister, Johannes Reiskius, Filippo Buonanni, Geog Rumphius, Leibnitz, Elie Richard

                              Les Précurseurs du XVIIème siècle 

 

3-3  Les Précurseurs du XVIIIème siècle 

Les écrits de Fontenelle (1657-1757) dans « Histoire et mémoires de l’Académie Royale des Sciences » offrent une approche intéressante sur les avancées et les débats dans le domaine des sciences naturelles, notamment l’origine des fossiles, l’âge de la terre au début du XVIIIe siècle. Fontenelle en tant que secrétaire perpétuel de cette Académie de 1699 à 1737 a contribué à documenter les progrès de la paléontologie et de la géologie. A cette époque, les fossiles, désormais considérés comme des « monuments » (du latin moneo : se remémorer) et des « médailles » et perçus, à ces deux titres, comme les archives de la Terre, bénéficient d’un regain d’intérêt.   

Le témoignage de Fontenelle sur l’évolution des idées en matière de Paléontologie est en effet précieux. Dès le début du siècle on note un regain d’intérêt pour les fossiles, désormais considérés comme des « monuments » (du latin moneo : se remémorer) et des « médailles » et perçus, à ces deux titres, comme les archives de la Terre.   

Des documents tels que les articles ‘De Fontenelle‘ dans le Journal des savants de M.J.P. Flourens (août 1845) et ‘Fontenelle et la Géologie‘ d’Arthur Birembaut publié dans la Revue d’Histoire des Sciences (Persée,1957) offrent un aperçu supplémentaire de l’influence de Fontenelle sur le développement de la géologie et de la paléontologie au XVIIIe siècle.

  • Johann Scheuchzer, Louis Bourguet, Benoît de MailletAntoine Joseph Dezallier d’Argenville, Carl von Linné …          

                                                        Les précurseurs du XVIIIème siècle

« Des pierres figurées enfouies dans le sol par Dieu qui a voulu mettre ainsi plus d’harmonie dans ses œuvres. » – Elie Bertrand (1766)

           

         3-4  Des Cabinets de Curiosités aux Cabinets d’Histoire Naturelle

 

À travers les siècles, l’accumulation d’objets a été une pratique répandue parmi les monarques, les aristocrates et les érudits fortunés. Cependant, c’est à la fin du XIVème siècle, que cette tendance trouve un nouvel élan en Europe, notamment sous l’influence de Pétrarque (1304-1374). Cet éminent érudit de la Renaissance italienne a joué un rôle crucial dans la redécouverte des auteurs de l’Antiquité. Son plaidoyer en faveur de la préservation et de l’étude des œuvres classiques a inspiré une mentalité valorisant la collection et l’étude des curiosités du monde naturel et culturel, caractérisant ainsi le mouvement humaniste de l’époque.

 

Pétrarque a souligné l’importance pour tout lettré de posséder un cabinet d’étude, connu sous le nom de studiolo en Italie. Originellement hérité de la vie monastique du Moyen Age, le studiolo est à l’origine une pièce intime dédiée à la lecture, la méditation des textes et le travail de l’écrivain. Au fil du temps, le studiolo est devenu un espace où les livres côtoyaient tableaux, objets précieux et curiosités. Ce phénomène a conduit, dans toute l’Europe, à un renouveau des collections privées, considérées aussi importantes que les bibliothèques.

En France, le roi Charles V (1338-1380) et ses frères Jean (1340-1416) duc de Berry et Philippe le Hardi (1342-1404) duc de Bourgogne, ont été parmi les premiers à suivre l’exemple de Pétrarque. En Italie les studioli de personnages tels que Lionel d’Este (1407-1450) à Ferrare, celui d’Isabelle d‘Este (1474-1539) à Mantoue ainsi que celui de Cosme Ier (1519-1574) à Florence sont particulièrement célèbres pour leur raffinement et les somptueuses collections qu’ils abritent.

Les cabinets de curiosités, ou wunderkammer ‘chambre des merveilles’ en Allemagne, sont devenus des lieux privilégiés de collection et d’étude des curiosités du monde naturel et culturel. Ils rassemblaient des objets rares, exotiques et fascinants et étaient souvent conçus comme des espaces dédiés à l’étude et la contemplation. Ce lien entre Pétrarque et les cabinets de curiosités s’inscrit dans la promotion du savoir ancien et de la curiosité intellectuelle, valeurs chères à l’humanisme de la Renaissance. L’exemple de Pétrarque prépara chez les lettrés l’attribution, à la collection particulière, d’une dignité réservée jusqu’alors aux bibliothèques et a ainsi indirectement contribué à l’émergence et à la popularité des cabinets de curiosités pendant la Renaissance et ce, jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.   Les cabinets de curiosités

 

 

      3-5  L’encyclopédie de Diderot, d’Alembert et Jaucourt

            Premier tirage de la première édition de l’Encyclopédie -1751/1772  Exemplaire de la bibliothèque Mazarine – © ENCCRE
« Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c’est qu’il n’admet rien sans preuve, qu’il n’acquiesce point à des notions trompeuses et qu’il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux. Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits, et j’espère que les tyrans, les oppresseurs, les fanatiques et les intolérants n’y gagneront pas. Nous aurons servi l’humanité. » Lettre de Diderot à Sophie Volland (26 septembre 1762)

Frontispice de l’Encyclopédie 1772 – Dessin de Charles Nicolas Cochin (1715-1790) – Gravure de Bonaventure Louis Prevost (1747-1804) – « Sous un Temple d’Architecture Ionique, Sanctuaire de la Vérité, on voit la Vérité enveloppée d’un voile, et rayonnante d’une lumière qui écarte les nuages et les disperse. À droite de la Vérité, la Raison et la Philosophie s’occupent l’une à lever, l’autre à arracher le voile de la vérité. À ses pieds, la Théologie agenouillée reçoit sa lumière d’en haut ». Jean le Rond d’Alembert, dit d’Alembert

L’Encyclopédie, publiée entre 1751 et 1772, est un monument emblématique du bouillonnement intellectuel du 18ème siècle et de l’ère des Lumières, rassemblant les réflexions des siècles précédents. Dirigée par Diderot aidé de d’Alembert puis du Chevalier Louis de Jaucourt cette œuvre marque une rupture dans la diffusion du savoir.

Les innovations de l’Encyclopédie sont nombreuses : elle fait appel aux connaissances contemporaines dans toutes les disciplines (mathématiques, physique, chimie, médecine…) en faisant rédiger les articles par des savants ; elle exprime une critique politique du pouvoir absolu de droit divin, des privilèges et des impôts injustes, ainsi qu’une dénonciation de l’intolérance religieuse, du despotisme et du fanatisme religieux ; elle s’engage contre l’esclavage, la guerre, la torture et l’obscurantisme, en défendant notamment la « variolisation » et l’empirisme.

D’autres innovations concernent l’organisation raisonnée de cet énorme Dictionnaire, le nombre et qualité de ses illustrations ainsi que la fluidité de la « navigation » à l’intérieur de l’ouvrage, grâce à des renvois judicieux préfigurant les liens hypertexte d’Internet.

L’Histoire Naturelle occupe une place prépondérante dans l’Encyclopédie, avec près de 5000 articles consacrés à ce domaine, reflétant ainsi l’importance accordée aux sciences naturelles à cette époque.

Quelques articles concernant les fossiles et les coquilles : articles 

 

3-6  Les débuts de la Paléontologie moderne

« Je donne le nom de fossile aux dépouilles des corps vivans altérés par leur long séjour dans la terre ou sous les eaux, mais dont la forme et l’organisme sont encore reconnoissables. »  Lamarck (1802)

L’article « Conchyliologie » écrit par Le Chevalier de Lamarck, membre de l’Institut in « Le Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle appliquée aux Arts… » Tome VII p 412, 1817 Chez Detterville Libraire. L’article complet

L’article « Coquille » écrit par Le Chevalier de Lamarck, membre de l’Institut in « Le Nouveau Dictionnaire d’Histoire Naturelle appliquée aux Arts… » Tome VII p 556, 1817 Chez Detterville Libraire. L’article complet. Extrait :

« Pour le naturaliste, les coquilles sont des objets si intéressans à étudier, tant par leur nature, leur source, que par les particularités de leur forme, lesquelles sont indicatrices de celle de l’animal ; et pour les amateurs de conchyliologie, ces mêmes coquilles sont des objets si singuliers, si curieux, tant par leur étonnante diversité que par les couleurs brillantes et variées qui les ornent en général, que j’ai dû entrer dans les détails ci-dessus, pour faire connoître ces singulières productions animales. Une belle collection de coquilles, convenablement rangée, nous offre, en quelque sorte, l’aspect d’un parterre richement orné de fleurs, et cède à peine en beauté à une riche collection de lépidoptères. »

 

"...C'est qu'il faut bien le dire : ce n'est pas une fois, deux fois, ni même un petit nombre de fois que les mêmes opinions se reproduisent périodiquement dans l'humanité ; c'est un nombre de fois infini." Aristote, Météorologie (L1, §3, 339b)
"Cette pointe de lumière, qui marque incessamment le dernier progrès, ne s'avance pas d'un mouvement continu. 
La marche est parfois tortueuse ; il y a des rayons qui s'élancent et qui s'évanouissent ; derrière elle il reste le plus souvent des zones indécises, où luttent le passé et le présent." D. Mornet : Les Sciences de la Nature en France au 18ème siècle - 1911 

 

4  DIVERS

4-1  Croyances populaires

 

Œufs de Serpents (ovum anguinum), Pierres figurées, Pierres étoiléesCornes d’Ammon, Poissons armés, Pierres de Foudre, Pierres judaïques, Glossopètres, Bufonites… 

                      Croyances populaires

 

4-2  Les coquilles dans l’art

 

          4-3  Les Fossiles du Bassin Parisien

La lente évolution de la connaissance des fossiles du Bassin Parisien a été présentée par Didier Merle (MNHN) lors des Rencontres Géosciences 2016 organisées par la Société Géologique de France : comment les fossiles sont passés du statut de curiosités de la nature recherchés pour leur qualité décorative à un statut moderne d’objet scientifique. Document de présentation

 

         4-4  L’homme et l’argonaute 

 

Zoom sur un mollusque céphalopode mythique :                                     L’argonaute

 

 

         4-5  L’homme et le cauri, porcelaine monétaire

 

Le cauri est le premier et un des plus importants systèmes monétaires mondiaux :

 Le cauri

       

          4-6  Une version possible du mythe de Dédale

Excédé par les trahisons de Dédale, Minos le roi de Crète décide de l’enfermer avec son fils Icare dans le labyrinthe qu’il a lui-même construit pour enfermer le minotaure.  Quelles trahisons ? Avoir, par ses conseils à Ariane, une des filles de Minos, permis à Thésée, venu de Grèce au titre de tribut pour servir de nourriture au Minotaure, de retrouver la sortie du labyrinthe après avoir tué le Minotaure que Minos y avait fait enfermer…

  Dédale

 

          4-7  Le tridacne, « bénitier » par excellence

Lors de son cheminement entre Le Caire et Gaza à travers les déserts du Sinaï et du Negev, Pierre Loti évoque son arrivée sur les bords du golfe d’Aqaba :

 

" Maintenant, nous marchons sur des coquilles, des coquilles comme jamais nous n’en avions vu. Pendant des kilomètres, ce sont de grands bénitiers d’église, rangés par zones ou entassés au gré du flot rouleur." Pierre Loti, Le désert (1894)

Le tridacne

 

         4-8 Nymphées et rocailles

L’opus musivum est une technique qui mêle la mosaïque, la peinture murale et le stuc. Développé dans l’empire romain à partir du IIème siècle av. J.C. il utilise des matériaux aussi divers que les coquilles, – Littorina littorea (bigorneau), cardium edule (coque), murexpecten moules, ormeaux, strombes…-,      Lire la suite

 

         4-9 La spirale chez les mollusques

"Peut-être, ce que nous appelons la perfection dans l’art (et que tous ne recherchent pas, et que plus d’un dédaigne), n’est-elle que le sentiment de désirer ou de trouver, dans une œuvre humaine, cette certitude dans l’exécution, cette nécessité d’origine intérieure, et cette liaison indissoluble et réciproque de la figure avec la matière que le moindre coquillage me fait voir ?" Paul Valéry, l’homme et la coquille (1944)  Lire la suite                                                  

 

       4-10 L’ornementation des mollusques

"A mesure que le soleil monte, l’Arabie d’en face se précise, sort de ses voiles du matin ; ses nuances s’avivent et s’échauffent, pour en arriver progressivement au grand incendie qui sera la fantasmagorie du soir.

Maintenant, nous marchons sur des coquilles, des coquilles comme jamais nous n’en avions vu. Pendant des kilomètres, ce sont de grands bénitiers d’église, rangés par zones ou entassés au gré du flot rouleur ; ensuite, d’énormes strombes leur succèdent, des strombes qui ressemblent à des mains ouvertes, d’un rose de porcelaine ; puis viennent des jonchées ou des morceaux de turritelles géantes, et la plage, alors toute de nacre blanche, miroite magnifiquement sous le soleil. Prodigieux amas de vies silencieuses et lentes, qui ont été rejetées là après avoir travaillé des siècles à sécréter l’inutilité de ces formes et de ces couleurs.

Je me rappelle que, dans mes songes de petit enfant, à une époque transitoire où j’étais passionné d’histoire naturelle, je voyais parfois des plages exotiques semées d’étonnantes coquilles ; il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser les espèces les plus belles et les plus rares...mais cette profusion dépasse tout ce qu’imaginait mon esprit d’alors.

En souvenir sans doute de ces rêves d’autrefois ou bien par enfantillage encore, il m’arrive de faire agenouiller mon dromadaire et de descendre pour regarder ces coquilles. En plus des trois espèces espèces que j’ai nommées et qui couvrent les plages de leur débris, on trouve aussi les cônes, les porcelaines, les rochers, les harpes, toutes les variétés les plus délicatement peintes ou les plus bizarrement contournées, la plupart servant de logis à des Bernard-l’ermite et courant à toutes petites jambes quand on veut les toucher. Et çà et là, de gros blocs de corail font des taches rouges parmi ces étalages multicolores ou nacrés. " Pierre Loti, Le désert (1894)

 L’ornementation des mollusques

   

       4-11 Coquilles aérophones

« Bientôt les accents farouches de la conque marine éclatèrent...Les différentes tribus voulurent à leur tour faire entendre leur chant de guerre, et chacune d'elles, jalouse de produire le sien avec avantage, déploya dans l'exécution la même fougue, l'entrecoupant de hourras et y jetant la rauque et sauvage rumeur des conques. » Max Radiguet (1816-1899) Les derniers sauvages. La vie et les mœurs aux îles Marquises (1882).

Coquilles aérophones

 

       4-12 La pourpre des Muricidae

 

La pourpre antique d’origine marine est une teinture rouge violacée obtenue à partir de mollusques gastéropodes de la famille des Muricidées : Hexaplex trunculus  (Linnaeus, 1758), Bolinus brandaris  (Linnaeus, 1758) et Stramonita haemastoma (Linnaeus, 1767). 

La pourpre des Muricidae

 

       4-13 La femme et la coquille – mars 23

 

Sublimé par l’agrandissement effectué par Germain Richier, ce modeste débris atteint ainsi au statut de monument majestueux. « Le débris promu œuvre d’art » pour paraphraser un titre de Roger Caillois – in Arts, Paris, 1962.

                                                  La femme et la coquille

 

       4-14 Meretrix lusoria (Röding, 1798) – avril 23

À l’intérieur de chaque famille de bivalves, les deux valves d’un spécimen se marient si parfaitement qu’elles ne peuvent être associées à celles d’un autre individu. Cette caractéristique a été à l’origine du jeu japonais appelé kai-awase, qui signifie littéralement « assembler les coquilles » ou jeu des « coquilles assorties » ou « jumelage de coquilles ». Apparu à l’époque de la cour de Heian, entre le VIIIe et le XIIe, ce jeu consiste à retrouver les paires de coquilles correspondantes. 

                                                  Meretrix lusoria

 

       4-15 Les premières évocations des fossiles du bassin parisien – Août 23

 

 

Ici

 

 

       4-16 Une histoire d’huitres – Sept 23

 

« Ce n’est pas un méchant homme, mais c’est un maniaque qui, en fait d’huîtres, ne se soucie que de l’écaille. » George Sand « Le gnome des huîtres »

                                             Une histoire d’huîtres

 

       4-17 Nommer les coquilles aux XVIᵉ, XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles – fév 24

Au cours des XVI, XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, les fossiles au sens actuel du terme, passent progressivement d’un statut de curiosités de la nature au statut d’objet d’étude sérieux par les naturalistes, jetant ainsi les bases de la paléontologie moderne. Les naturalistes et les collectionneurs de curiosités ont été confrontés au défi de nommer les organismes marins vivants ou fossiles qu’ils découvraient et collectionnaient…jusqu’à la parution en 1758 de Systema Naturae par Carl von Linné.  Ici

 

       4- 18 Les mosaïques de coquilles mésopotamiennes – mai 24

Au cœur de la Mésopotamie antique, les cités puissantes de Mari et d’Ur ont révélé au monde une splendeur artistique unique à travers leurs mosaïques incrustées de coquilles marines. Ces œuvres d’art, témoins d’une civilisation florissante, allient la richesse des matériaux naturels à la finesse du travail artisanal. Ici 

 

5- Documentation pour la détermination des fossiles de l’éocène 

 

Documentation utile à la détermination des fossiles de l’éocène : Ici

 

Bibliographie :

Jean Gaudant et Geneviève Bouillet, La paléontologie de la Renaissance – COFRHIGEO 2005 et 2014

Francesco Abbona, Géologie – DISF.org 2002

La main à la pâte, L’origine des fossiles : histoire des idées 

Blog Jean 50690, Fossiles et légendes 

Christian Moreau et Jean Gaudant, L’exploration géologique des Charentes (partie septentrionale du Bassin aquitain) – COFRHIGEO 2015

Wikipedia

Anna Marie Rosss, The Art of Science ; a rediscovery of the Liste copperplates – Royal Society

Géry Coomans, Bernard Palissy

Jean-Claude Plaziat, Les fossiles du Tertiaire parisien dans l’oeuvre de Bernard Palissy – COFRHIGEO 2015

Gaston GODARD, Le Discours sur les coquilles de mer qu’on trouve en terre ferme, particulièrement en Champagne, adressé à Peiresc dans les années 1630 – COFRHIGEO 2004

Didier Merle, Les grands auteurs paléontologie du Lutétien 2008

Francesco Abbona, Géologie – DISF

Jean-François Tournepiche Fossiles. La paléontologie au XVIIIè siècle, 2014

Site de l’Edition Numérique Collaborative et CRitique de l’Encyclopédie (ENCCRE)

François Ellenberger, Histoire de la Géologie, T1 1988 et T2 1994

Site Curiositas

http://www.remacle.org/ L’antiquité grecque et latine du Moyen âge

Drawings of fossils by Robert Hooke and Richard Waller, Sachiko Kusukawa, Royal Society – 03 April 2013

Pierre Duhem Le Système du Monde. Histoire des Doctrines cosmologiques de Platon à Copernic (1913 -1959)

JD mars 2021 

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